Sidi Bench est « Sur Le Seuil »

Le nom de Sidi Bench ne vous dit peut-être encore rien mais on espère faire changer ça. Jeune rappeur naviguant entre le 71, le 69, le 75 et le 93, il est déjà l’auteur de plusieurs projets. Après avoir guetté son évolution progressive, on a été heureux de le voir franchir un nouveau palier avec Sur Le Seuil, son nouvel EP produit entièrement par Yabu.

Putain mais dis-moi: pourquoi les angles tu veux les arrondir?

Cet EP est à voir la seconde partie d’une trilogie. Trois projets imbibés de l’univers du manga Berserk dont il est fanatique. Mais attention, vous ne retrouverez pas ici de références directes au manga ou de cosplays ridicules. L’idée est simplement de transposer les traits caractéristiques du manga (solitude, univers sombre, combat permanent…) à nos vies.

Il fait un parallèle entre l’architecture narrative du manga et ses sorties, donnant à celles-ci un fil conducteur intéressant. Dans ce cadre là, les trois titres de L’Avent (sortis en octobre) représentent le moment où on s’enfonce au plus profond des abysses, où on se perd dans la haine. Un EP plutôt sombre donc, qui atteint son climax sur le titre éponyme avec sa prod lugubre et son refrain in your face.

Dans mon cerveau on est douze, mais je suis tout seul dans la foule

Une fois bien imbibé de seum, on arrive Sur Le Seuil. L’idée est ici de débuter un combat contre nos démons intérieurs. Cette lutte intestine transpire des six titres, aussi bien dans les textes que dans les prods. Celles-ci sont à nouveau toutes l’oeuvre de Yabu, dont la patte pourrait se rapprocher du boom-trap d’un UMLA.

On oscille donc entre tracks aériens et morceaux plus vénères, un clair obscur. La seconde moitié de l’EP, avec son enchaînement entre Fais Tes Valises, Alligator et Mirage, en est le parfait symbole. Alors que Sidi partage les morceaux plus peace avec son compère Rojazz, MC au flow posé et rempli de swing, il découpe tout seul le track en croco (peut-être notre morceau préféré du projet). Autre moment de bravoure de l’EP, Mana dont le clip a d’ailleurs été réalisé par Piège Studios (qui ont taffé avec Lyonzon et 667 notamment). Le refrain est catchy à souhait et on sent un Sidi Bench à l’aise sur le beat, tranchant et en place.

Bien entendu, Sidi Bench n’en est qu’au début d’une carrière qu’on espèrera longue et remplie de succès. Il est encore en développement et il a, à notre sens, quelques axes d’amélioration possibles: être plus tranchant dans les placements, alléger son écriture parfois encore trop touffue et parsemer ses couplets de punchlines et d’images plus percutantes. En un mot, rajouter du relief dans ses textes et son interprétation.

Mais il fait peu de doute qu’après de telles cartes de visite, il ne manquera pas de progresser et de nous surprendre sur la suite. En effet, le troisième volet de cette trilogie symbolisera la rédemption: les démons ont été vaincus, notre haine est aux oubliettes et on recommence à profiter de la vie. Un seul souhait: qu’il puisse être alors dans l’ère du temps!