Septembre en Dix Sons
C’est la rentrée, alors on prend des nouvelles des rappeurs avec des morceaux introspectifs et des bangers irrésistibles ; des voix surpuissantes et un morceau magnifique uniquement mixé et composé avec les yeux. Des titres agressifs et contemplatifs dans la même playlist, voici notre tour d’horizon.
Ikaz Boi – Place Vendôme (feat. Sidikey)
Ikaz Boi a donné une suite à Brutal avec un second volume plus court mais tout aussi efficace, avec un invité par morceau. Chacun peut pleinement se mélanger à l’univers d’Ikaz Boi et ses beats à la fois riches et minimalistes. Idéal pour mettre en valeur la nonchalance pleine de puissance de Sidikey du 13 Block.
NIRO – En double appel
Le temps passe et Niro reste en place. Tout en se réinventant musicalement, il se bonifier avec le temps en continuant d’envoyer des couplets percutants grâce à une écriture très imagée. Ici, il rappe sans beat, jusqu’à ce qu’un kick/snare house débarque à 1min20. En double appel avec lui même, Niro laisse la concu sur le répondeur.
Master Peace – Night Time
À 19 ans, l’artiste londonien a sorti un morceau assez différent du rap qu’il a l’habitude de proposer. Night Time et son refrain entêtant est un véritable hit dansant où le jeune rappeur montre ses qualités de chant avec un auto-tune parfaitement dosé. À suivre de très près.
Young M.A – No Mercy (intro)
Il n’y a peut être que sur l’intro de l’album que l’on ressent les influences new-yorkaises de Young MA. Pour le reste, celle qui s’est imposée parmi les meilleur(e)s artistes de sa génération, est plus proche d’Atlanta. Après quelques projets, elle vient de sortir un premier album consistant. Dès l’intro, la rappeuse fait monter la pression en accélérant progressivement son flow et sublimer le drop. Saisissant et insaisissable.
Ocean Wisdom – Breathin’ (feat. P Money)
Le rappeur qui rafale plus vite qu’une arme automatique a sorti un nouvel extrait de sa prochaine mixtape prévue le 11 octobre. Comme d’habitude, les sorties du label anglais High Focus Records ne déçoivent jamais. Ici on plonge dans les sous-terrains londoniens les plus sombres avec une atmosphère oppressante. La machine à bangers arrive, Protect ya Neck.
ILOVEMAKONNEN – In My Room
Alors qu’il était à deux doigts de devenir l’une des grosses têtes du game il y a un peu plus de deux ans, Ilovemakonnen revient de manière très discrète. D’abord avec un EP passé presque inaperçu, puis avec une suite à ses mixtapes drink water : Drink More Water Free. Sortie en septembre, cette mixtape gratuite comporte beaucoup de morceaux non mixés, mais toute l’intensité et ce qui fait la force du rappeur d’Atlanta est réuni : une trap hypnotique sur lequel Ilovemakonnen pose son timbre de voix si particulier et enivrant. Son retour, aussi discret soit-il, nous convainc d’une chose : on ne veut pas d’un monde sans eau.
Naar – City (Madd, Nelick)
Le collectif Naar, feu en darija et acronyme de narrate and reclaim, a sorti l’album Safar (voyage), une rencontre musicale entre la scène marocaine, l’Europe et l’Amérique du Nord. Cette connexion entre le marocain Madd et le français Nelick en est l’illustration : les deux langues se mélangent sur une prod mélancolique et pleine d’espoir grâce à sa ligne de guitare qui joue sur les contre-temps. Si vous doutez encore que l’union fait la force, écoutez seulement.
Robin des Blocs – CQFD
Issu du 94, Robin Des Blocs prend le temps d’installer son univers musical : il vient de sortir son quatrième single depuis juin 2017. Son texte est un egotrip qui, sûrement aidé par l’esthétique soignée du clip, a l’apparence d’un storytelling. Ajoutez à cela des schémas de rimes croisée et marqués grâce à des intonations qui se font échos, Robin des Blocs tirent en plein dans le mille et donne envie de connaître la suite.
Azur – Mary Jane
Membre de Saturn Citizen, et donc de Lyonzon, Azur excelle particulièrement dans l’univers cloud. Il le prouve encore avec ce morceau qui ne comporte qu’un couplet et est principalement construit autour du refrain. La réverbe et le delay appliqués sur sa voix, accentuent la sensation d’immensité que procure l’instrumentale. Bienvenue sur Saturne.
Pone – Shinin Jasmine
Beatmaker et DJ de la Fonky Family, Pone a sorti un album entièrement composé et mixé avec les yeux. Une première mondiale. Touché par la maladie de Charcot, Pone a développé un album instrumental en hommage à l’oeuvre de l’artiste Kate Bush, l’une des premières à avoir samplé. Pone n’a rien perdu de son talent et le prouve avec un album doux, progressif et profond. Inspirant.
Bonus (qui n’aurait pas dû en être un) :
Isha – Durag
Le flot de sorties est tellement intense qu’on en oublie parfois tous les morceaux qu’on écoute, aussi puissants soient-ils, à l’image de la nouvelle bastos d’Isha depuis son dernier projet. C’est peu dire que le rappeur bruxellois marche sur l’eau à chaque nouveau couplet… Il maîtrise une plume crue et poétique, imagée et pertinente qui résonne avec un phrasé unique. La vie augmente perpétuellement.