Rencontre avec :
Flo d’Eighty One Store

À Lyon, de nombreux artistes s’essayent. Du street art au graffiti, les rues de la ville sont depuis les années 90 de véritables terrains de jeux. Provenant des États-Unis, le graffiti s’est démocratisé dans le monde entier. Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec Flo, le fournisseur officiel des graffeurs Lyonnais. Né à Lyon en 1981, il est lui-même graffeur et il décide d’ouvrir son store en 2008. Situé au 21 rue des Capucins dans le 1er arrondissement, il appelle son shop : Eighty One Store !

 

“Eighty One c’est mon année de naissance, ça ne me rajeunit pas mdr”

Mais alors, quel est ton parcours ? 

“J’ai fait des études de commerce, ce qui m’a permis d’apprendre les notions de management, de gestion des stocks, la caisse, le merchandising etc.. et à la suite d’une période de chômage que j’ai appelée ma pré retraite, j’ai eu l’idée de monter le magasin. Ça c’est concrétisé par le biais d’une nouvelle marque de bombe, j’ai contacté les gars, ils sont passés à Lyon et c’est allé assez vite, puisque 4 mois plus tard j’ai ouvert. La raison d’être du magasin c’est le graffiti. Le but c’est d’allier la passion au travail. Le but c’est d’être ouvert au maximum de gens car c’est déjà un milieu restreint.”

 

Que signifie le street art/graffiti pour toi ? 

“Ce sont deux choses différentes, qui sont complémentaires. Le graff s’apparente plus à des lettres 3D ou personnages. Le street art c’est tout ce qui est pochoir, collage d’affiches…” Ce qui intéressant dans le street art c’est l’adaptation avec le décor. Le street art est plus figuratif, il est plus démocratisé que le graff. C’est de l’egotrip spontané le graffiti”. Le graffiti est apolitique même s’il le fait de le faire est politique, mais la plupart des gens qui les font veulent juste voir leur noms partout.”

 

“Ça fait venir du monde l’interview, c’est bien” dit-il en rigolant après avoir été coupé par des clients. 

Es-tu toi-même artiste ?

“Artiste c’est un grand mot, mais graffeur ouais ! Même si le graff est artistique avec une recherche de calligraphie et de mouvements.” 

As-tu déjà exposé ?

“J’ai fait des expos et vendu quelques oeuvres, mais je ne me suis jamais exposé tout seul. Ma façon de vivre du graffiti c’est de vendre le meilleur matériel possible au meilleur prix qui soit. J’expose des gens qui eux essaient de vivre de leur art !”

Avec quels artistes collabores-tu ?

“Tapas Nocturne, avec une bd faite dans la rue, je lui ai dit vas-y on fait le lancement ici, pop-up store avec Lyonzon, expo d’Impakt, vernissage etc.. Le shop c’est les bombes, les vêtements et une partie galerie. On fait tourner ça par trimestre et en général on fait repeindre la devanture par les artistes qui exposent, ça rince l’oeil pour les passants et ça met en avant l’artiste.”

“Cri de chat” vers son collègue qui a mis la musique de son téléphone venant compromettre l’interview.

Lyon est-elle une ville de graffeurs ? 

“On a une super scène à Lyon, qualitative mais assez restreinte comparé à Marseille ou Paris mais plutôt qualitative ! Au niveau du graff Lyon c’est une ville de passage, les parisiens descendent le temps de quelques jours pour graffer. Ça amène des nouveaux styles, c’est enrichissant pour la culture !”

 

Y a-t-il des spots légaux à Lyon pour graffer ?

“Il y en a très peu malheureusement, il y a 3 terrains à Lyon, Foch, Croix Rousse et Avenue Thiers. Le reste c’est illégal ! La visibilité sur ces terrains reste très éphémère, il y a tellement de graffeurs qu’il ne faut pas oublier de prendre la photo après avoir fait ta pièce ! La différence se fait aujourd’hui sur les réseaux sociaux, même si c’est toujours mieux de voir un graff en vrai qu’en photo. Certains murs étaient mis à disposition pour les graffeurs dans un but politique, mais ça ne marche pas comme ça le graffiti, il n’est pas là pour être muselé, il est là pour prendre sa place dans la rue de manière illégale. C’est ce qui le maintient vivant, et ça permet aussi de différencier ceux qui le font de manière sérieuse ou ceux qu’ils le font pour le frisson et qui flippent après. L’essence du graffiti c’est l’illégalité et sans illégalité y’a pas de graffiti. Après les gens qui font des belles fresques bien chiadées, ça tue mais ça devient plus de l’art urbain que du graff.” 

As-tu déjà eu à faire à la police ? 

“Oui, forcément, plus tu graffes, plus tu multiplies tes chances de te faire attraper. Heureusement pour moi c’est jamais allé trop loin, mais j’ai des potes pour qui c’était plus sérieux..allant jusqu’à la prison ferme.”

 

Le monde du graff est-il fermé ? 

“Ça l’est pas par snobisme mais parce-que c’est illégal. Ça implique de l’anonymat même si dans le milieu on se connaît tous. C’est compliqué de devenir mainstream avec un truc ou tu salis les murs. Heureusement, la vision du graff a beaucoup changé, on est passé d’un truc de banlieue dites dégueulasse à une vision dite “artistique”. C’est bien, ça évolue, l’opinion générale change.” 

 

Des projets pour le futur ?

“Continuer à proposer des événements, du nouveaux matériels, des nouveaux artistes, on est encore là comme disait le célèbre groupe NTM.”

Horaires :

11h – 19h sauf le lundi (14h – 19h).

21 Rue des Capucins, 69001 Lyon