Rencontre avec :
Kohndo
C’est au comptoir du Ninkasi, juste après ses balances, que nous rencontrons Kohndo pour un entretien informel. Un petit moment convivial glissé dans un agenda bien rempli : arrivée à Lyon, balances, passage chez RTU, live le soir et cours au Conservatoire de Puteaux le lendemain. Les piliers de la vie pro de Kohndo sont là : studio, scène et transmission.
Après des périodes où il bossait à côté pour continuer à faire de la musique, la vie lui a donné l’occasion de revenir dans un lieu où il répétait à l’âge de quatorze ans. Le conservatoire de Puteaux en fait un « prof de rap », une façon pour lui de vivre pleinement de sa musique. Il y partage son savoir et ses méthodes avec de jeunes élèves, afin qu’ils maîtrisent toute la palette des musiques actuelles, de la composition à l’écriture en passant par l’enregistrement.
« J’avais besoin de les mettre en lumière, d’expliquer ces parcours-là, de transmettre ces trajectoires de personnes enfermées. »
« Transmettre est quelque chose de naturel chez moi, j’y prends énormément de plaisir. C’est aussi un peu rendre aux autres tout ce que la musique m’a apportée. Et puis, cela ne va pas que dans un sens, c’est aussi, voir même avant tout, un échange, une discussion ». Si l’élève apprend du maître, l’inverse est tout aussi vrai.
D’échange et de discussion, il en est au début moins question dans son studio, lorsqu’il commence à plancher sur un projet. « Je démarre d’une idée personnelle, de quelque chose d’intime. Donc je suis à ce moment seul maître à bord. » Si Intra Muros, son dernier disque, traite de nos enfermements (quels qu’ils soient), c’est avant tout le fait des récentes expériences de Kohndo dans le milieu carcérale et de la réinsertion. « J’avais besoin de les mettre en lumière, d’expliquer ces parcours-là, de transmettre ces trajectoires de personnes enfermées. J’ai aussi fait Intra Muros pour leur rendre hommage même si bien sûr le propos se veut plus large et veut parler à tous ».
« Je me rend compte que mon message passe mieux par le rap. Plus le temps avance, plus je ressens le besoin de me recentrer. »
Cette première trame, Kohndo la dessine seul dans son studio de Greenstone Records. « Je fais le croquis, dessine les fondations seul au studio. C’est seulement ensuite que je vais m’entourer ». De musiciens notamment. C’était énormément le cas sur son précédent disque, Soul Inside, qu’il voit aujourd’hui comme une parenthèse. « Il n’y a pas vraiment de public soul en France. Et puis je me rend compte que mon message passe mieux par le rap. Plus le temps avance, plus je ressens le besoin de me recentrer, de ne pas m’éparpiller ».
Des morceaux crossover chantés comme le très bon Lick Me ne sont donc plus au programme. « Je me suis essayé au chant. J’ai beaucoup travaillé sur Soul Inside et un peu après. Mais finalement, je ne suis pas parvenu au niveau de maîtrise que j’ai avec le rap donc pourquoi continuer ? Chacun son taf ! »
« J’ai besoin que la vie me nourrisse avant d’accoucher d’un nouveau disque. »
Mais Kohndo aime être accompagné de musiciens live, que ce soit sur disque ou sur scène, son terrain de jeu. « Sur scène, j’aime être en équipe, avoir cette énergie supplémentaire, partager ces regards. Et puis les instruments font un contre chant à ma voix, ce sont un peu mes backeurs. » On y goûtera plus tard dans la soirée avec un show ultra soigné. On voit que le MC a de la bouteille : son bien équilibré, diction parfaite, jeu avec le public, grosse énergie et bonne alternance des ambiances et de son répertoire. On a passé un super moment et le public présent s’est régalé.
Et la suite alors ? « Je ne commencerai pas à bosser dessus avant 2017. J’ai besoin que la vie me nourrisse avant d’accoucher d’un nouveau disque ». Quand on lui dit qu’on surkiffe Le Facteur et sa vibe g-funk et qu’on le verrait bien faire tout un disque dans cette veine : « C’est un morceau qui libère et qui est super efficace en live, ça réchauffe. Pourquoi pas un projet g-funk ! Il faudrait que je connecte avec Aelpéacha ! »