Rencontre avec :
KCIDY

Lyonnaise d’adoption depuis Septembre, je lutte contre ma fâcheuse tendance à regarder mes pieds et j’arpente les rues les yeux grands ouverts, avec tous mes sens en alerte comme pour ne pas rater une miette de ce que cette merveilleuse ville a à offrir. Je fais surtout ça à Croix-Rousse devenu mon quartier de prédilection avec son importante concentration d’oeuvres de street-art.

KCIDY. Ce nom, je l’ai vu pour la première fois dans une des rues croix-roussiennes que j’apprécie tant. Puis au fil des semaines, des mois, je tombais de plus en plus souvent dessus. Une affiche au détour d’une rue, un sticker sur un poteau. Je ne pouvais m’empêcher de me demander qui se cachait derrière ce nom et pourtant je n’ai fait que retarder l’élucidation de ce « mystère ». Jusqu’au jour où, par hasard, j’ai découvert que j’avais déjà assisté à un concert où KCIDY se produisait. Seulement ce soir-là, c’était avec le groupe en parallèle de son projet solo – Satellite Jockey.

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Les nombreuses affiches que je croisais souvent annonçaient la sortie d’un EP, alors suite à ma découverte je me suis lancée et j’ai (enfin !) écouté la musique de KCIDY. Fin du dernier morceau de l’EP, j’ai immédiatement la sensation d’être incapable de mettre dans une « case » la musique que je venais d’écouter. Je lance une nouvelle fois la série de morceaux, je ressens/retrouve certaines influences oui, mais ma première sensation reste intacte. Je réalise alors que c’est justement ça que j’apprécie, ce qui me plait vraiment dans la musique de KCIDY. Le fait que, durant son morceau, celle-ci nous emmène dans une « direction », vers une musique qui nous parait presque familière et dès l’instant d’après, elle nous surprend et offre un tout autre relief, une autre perspective à celui-ci. Inutile de préciser que suite à ça, j’avais réellement hâte de la rencontrer !

Je devais retrouver Pauline (alias KCIDY) un dimanche en début de soirée. Un dimanche pluvieux et venteux, un jour qui, en somme, convenait parfaitement pour la rencontrer. (Petit clin d’oeil à son morceau « Stormy Day » !) Elle revenait d’un shooting pour le 1er numéro du magazine lyonnais « Sottises ». Elle avait proposé que nous nous retrouvions au « Voxx », un bar situé près des Quais de Saône. Arrivées là-bas, elle nous commande deux bières et nous commençons à discuter.

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Elle évoque d’abord des souvenirs d’enfance liés à la musique. Le premier concerne le groupe qu’elle adule au plus haut point. (Ou du moins qu’elle aime vraiment beaucoup !) « J’avais 9 ans, je suis allée dans la chambre de mon grand-frère, jusqu’à son lecteur cd. Je me souviens que le disque était bleu, je voulais savoir ce qu’il écoutait, alors j’ai démarré le lecteur. C’était Strawberry Fields Forever des Beatles. Ça m’a tout de suite fait quelque chose. » Le second souvenir qu’elle partage avec moi concerne une période de son enfance où, chaque soir, elle écoutait avant de s’endormir les morceaux d’Erik Satie. « Ça me faisait faire des rêves vraiment bizarres, à chaque fois, mais j’aimais ça ! ». Plus tard elle mentionnera un autoportrait de Rembrandt qu’elle avait vu lors d’une visite au Louvre avec son papa. Elle me confiera qu’elle est restée devant ce tableau durant un long moment, les larmes aux yeux, sans savoir pourquoi. Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec sa musique, les morceaux de Pauline sont dotés d’une sensibilité indéniable.

Nous en venons à sa manière de travailler. Joie puissance 1000 ! Je suis plus que curieuse de savoir comment elle procède pour ses morceaux. « Ce que je fais le plus souvent c’est jouer une grille d’accord en boucle. Je la joue encore et encore et surtout je n’écoute que ça. J’évite vraiment d’écouter de la musique à côté pour ne pas être influencée. Même si c’est impossible de ne pas l’être un tant soit peu ! Ensuite une mélodie vient et je commence à chanter « en yaourt ». Les paroles viennent en dernier. » Elle m’explique qu’elle agit comme ça pour essayer de faire une musique qui lui est propre. Je trouve que ça explique complètement ce que j’ai ressenti la première fois que je l’ai écouté. Des influences qui surgissent au fil du morceau, que l’on ressent l’espace d’un instant, mais une musique qui dans sa globalité offre quelque chose d’inédit !

Nous parlons ensuite de références/ influences qu’elle peut avoir même si elle est dans l’optique de produire quelque chose qui lui ressemble au maximum. Elle cite directement CocoRosie qu’elle avait découvert par hasard, à l’époque où elle trainait à la Fnac en quête de nouveaux artistes à écouter. « En fait, je regardais les pochettes des CD. Si une me plaisait je gardais le disque et j’allais l’écouter, ensuite je notais le nom de l’artiste pour le retrouver une fois arrivée chez moi. » Elle me dit que c’est une très bonne manière de trouver des choses cool à écouter, ça me fait sourire. Nous poursuivons sur ce sujet d’influences/références. Elle me parle du Hip-Hop, qu’elle apprécie beaucoup. « Le hip-hop old school genre Wu- Tang Clan. » Elle s’inspire du son et du tempo que l’on retrouve dans celui-ci. Elle finit en nommant Paul White ainsi que Le Vasco qu’elle a vu en live dernièrement, et qu’elle a adoré !

Nous poursuivons notre discussion, toujours sur d’éventuelles références. Elle évoque Pedro Almodóvar et Wes Anderson. « J’aime vraiment ce réalisateur, comme beaucoup de monde je crois ! Mais je sais pas, son univers est dingue. Il rend les gens bizarres, beaux. » Elle fait alors une référence à la photographe avec qui elle a travaillé lors de son shooting plus tôt dans la journée – Laurie Franck – « Quant à Laurie, elle rend les gens beaux, bizarres. »

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Je ne vois pas le temps passer, je l’écoute, je note un mot par-ci, une phrase par-là. Je n’ai vraiment pas envie d’oublier tout ce qu’elle a pu me dire ! Et malgré le fait que je me retrouve devant elle à gratter dans mon carnet, je n’ai pas l’impression de « l’interviewer ». Elle est là, souriante, répondant volontiers à « mes questions ». Nous en arrivons à parler d’endroits qu’elle aime à Lyon. Elle mentionne une Eglise abandonnée où lorsqu’on emprunte les escaliers qui longent celle-ci nous tombons dans un lieu où « l’acoustique est vraiment cool ! Elle sonne métallique ! » Je trouve ça drôle qu’elle me cite un endroit qu’elle aime, même plus pour l’endroit en lui-même au final, et le fait que son côté « artiste musicale » ressorte lorsqu’elle me dit ça.

Nous venons de faire le tour de ce que j’avais prévu de lui demander, la discussion se poursuit tout de même. (Et ça c’est vraiment cool !) Puis arrive la fin du rendez-vous, elle me propose d’assister à un concert « non-officiel » puisqu’il fait plus office de répétition pour elle.
Le live a lieu dans un local peu éclairé, ce qui créé une atmosphère que j’aime, particulièrement pour assister à un concert.

C’était comment ? Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il est impossible d’être insensible à ce qu’elle dégage sur scène, à toute l’énergie qu’elle met dans ces morceaux et que vous serez – à coup sûr -emportés dans son univers.

Bonus Live: KCIDY jouera le 5 Juin au studio photo d’Erick Saillet, (31 rue d’Anvers Lyon 7e) dans le cadre du lancement du magazine Sottises. Allez voir ça!