Underground Focus #1
Ice T
Nouveau bisbille avec un disquaire, youpi! Paperboys vous proposera chaque début de mois un focus hip-hop concocté par Nick de l’Underground Store. Réédition, classique, maxi, sombre trouvaille, il y aura de tout mais toujours de la qualité. Ezébartiiiii!
Pour cette première, on part sur la réedition d’un gros classique de l’ancienne école. Direction Los Angeles en 1989 avec l’album The Iceberg (Freedom of Speech… Just Watch What You Say!), troisième opus du légendaire Ice T. La première claque est visuelle avec cette pochette légendaire signé Devious Doze et Mary Ann Dibs. Derrière ce b-boy menacé par trois flingues (un sur chaque tempe et un dans la bouche pour faire bon poids), Ice-T, qui a déjà rencontré des problèmes liés à son discours sur ces précédents albums, veut symboliser la liberté d’expression aux States à l’époque: « Go ahead and say what you want. But here comes the government and here come the parents, and they are ready to destroy you when you open your mouth ».
Clin d’oeil de l’histoire, le disque s’ouvre sur une intro intitulée « Shut Up and Be Happy » qui voit un politicien annoncer un couvre-feu à 19h pétantes sur un sample inquiétant de Black Sabbath. C’est d’ailleurs l’icône punk Jello Biafra (chanteur des Dead Kennedys entre autres) qui incarne le personnage et qui est également présent sur l’outro. Cela illustre déjà la vision cinématographique d’Ice T (qui bien entendu prendra une autre dimension dans la suite de sa carrière). Ajouté aux interludes et storytellings qui ponctuent l’album, on se retrouve avec une véritable plongée dans les pensées folles du rappeur.
Au niveau des ambiances sonores, on retrouve pas mal de choses différentes. On passe de tempos rapides rappelant clairement Public Ennemy (Lethal Weapon et The Hunted Child où les sirènes suraiguës côtoient des basses électro complètement folles et des scratches mitraillettes) à des ambiances plus dancefloor comme sur l’immense posse cut What Ya Wanna Do (où l’on croise notamment un très jeune Everlast, futur membre de House of Pain, et l’anglais Donald D).
Plus globalement, on brasse toutes les facettes du hip-hop de cette époque: You Played Yourself sample le mythique The Boss de James Brown dans une boucle très caractéristique du early rap (repris entre autres par Nas plus tard) quand The Girl Tried To Kill Me laisse la part belle aux grosses guitares, rappelant Run DMC ou les premiers Beastie Boys. Un titre qui laisse sans doute apparaitre les prémices des amours rock d’Ice T.
A travers cette pièce maîtresse, on aperçoit déjà la polyvalence et la vision d’Ice T. Lui qui a su rester respecté de l’underground malgré une carrière plus que mainstream n’hésitait pas en 1989 à ouvrir bien grand sa bouche et à tirer sur tout ce qui bouge. Le disque est bien entendu dispo sur les diverses plateformes d’écoute et réédité une fois de plus par Music On Vinyl et bien entendu trouvable à l’Underground Store!