Rencontre avec :
voyAger
De passage en France pour le tournage du clip d’Italo Disco qui sortira à la fin du mois, nous avons pu rencontrer le duo américain voyAger. Couple à la ville, il est new-yorkais pur souche, elle est née en Italie mais a très vite bougé vers la grosse pomme. Très secrets, ils se cachent derrière de grosses lunettes opaques (en plus de pseudonymes étranges) mais sont accompagnés d’une figure familière, DJ AK, qui joue le rôle de producteur/DA sur leur EP à venir chez GZR.
PPBS : Salut AK. On te connaît surtout pour tes productions rap, comment te retrouves-tu impliqué dans le projet voyAger ?
AK : Tout simplement une rencontre fortuite. Lors d’un voyage à New York pour un projet, je me retrouve invité dans une soirée à l’Output. Il se trouve que ce soir là, Moroder passait dans le club (une soirée en 2013 présentée comme son 1er DJ set, ndlr). Je ne savais pas, à la base j’aurais préféré aller me reposer à l’appart où je restais, j’étais crevé… Mais c’est ce qui a fait que j’ai rencontré Roger & Gina là-bas. Eux étaient là pour lui. Bref, on se retrouve à côté au bar avec Rui (comparse de longue date d’AK et cofondateur de GZR, ndlr) et on se met à discuter avec ces deux petits jeunes.
Gina Zoccio : On ne connaissait pas directement sa musique et quand on a entendu le noms de ses collabs, on s’est un peu regardé en se disant « Quoi ? Ces frenchies ont bossé avec les trois quarts des rappeurs de la West Coast ? ». On ne l’a pas forcément cru tout de suite puis en rentrant chez nous, on a pu voir que ce n’était pas du flan.
AK : Finalement, même si j’ai produit beaucoup de rap, j’y suis arrivé car j’aimais ses racines funk. Ce n’est pas pour rien si je me suis orienté vers le g-funk, si je compose, si je joue des instruments, si j’utilise la talk-box, etc… C’est par ce côté-là que je me suis senti légitime pour bosser avec eux, leur apporter des idées et une ligne directrice sur leur projet. Enfin leur projet, à l’époque il n’y avait quasiment rien à part une belle motivation et deux ou trois idées. Et puis j’ai des racines italiennes comme Gina, c’est aussi ça qui nous a rapproché.
PPBS : Gina, tu es italienne ? C’est de la que t’es venue cette passion pour l’Italo Disco ?
Gina Zoccio : Non américaine maintenant mais née en Italie. Je suis arrivée très jeune ici avec ma mère. En fait, c’est un peu pathologique mais je suis vraiment une enfant de l’Italo Disco, au sens le plus glauque du terme. Ma famille est de Rimini à la base. Ma mère m’a eu très jeune, une erreur de jeunesse en sortant de boîte, je ne connais pas mon père… Enfin bref, ma mère écumait les discothèques à l’époque où le style était ultra populaire en Europe. C’est tout sa jeunesse et cela nous a suivi dans notre nouvelle vie aux États-Unis. Donc oui, c’est le son qui m’a bercé toute mon enfance. Contrairement à Roger.
Roger Withmore : Moi je suis juste un hipster de plus qui sait jouer du clavier et utiliser deux, trois machines. Si je suis là, c’est simplement que je suis tombé amoureux d’elle, rien de plus ! (rires)
PPBS : Vous nous avez gentiment fait écouter les démos de l’EP à venir et le moins qu’on puisse dire c’est que c’est un véritable retour dans le temps.
Roger Withmore : Oui et non. Sur un morceau comme Italo Disco, on est complètement dans le délire de cette époque et l’idée était d’embrasser ça à fond, de ne pas faire dans la demi-mesure. Alors oui, il y a probablement un côté rétro, vintage, tout ce que tu veux… Mais franchement, tant que la musique te donne envie de danser, que les mélodies te restent dans la tête… Pour tout te dire,on avait même hésité à s’appeler DeLorean alors quand tu parles de voyage dans le temps… Mais il y a des morceaux qui sont moins dans cette veine-là.
Gina Zoccio : On fait ce qu’on aime et si ça s’appelle de la pop, pas de souci ! Ça nous plairait que nos morceaux passent en radio, que la mère de famille qui rentre saoulée du boulot chantonne notre refrain dans sa voiture, que les relous en soirée coupent ta chanson pour mettre notre vidéo youtube, etc… On aimerait bien tout ça.
Roger Withmore : En fait, je crois que ça nous plairait pas mal d’être des pop stars. (rires) Même des one-hit wonders comme à la bonne époque des chanteurs interchangeables de l’italo disco, ça serait déjà bien !
PPBS : Je ne sais pas si c’est AK qui vous a embarqué sur cette ligne là, mais à la base, l’italo disco lorgne aussi beaucoup vers la new wave et sur vos démos, le disco et le funk sont plus présents.
Roger Withmore : Ce sont plutôt nos goûts communs. Je suis pas mal dans le funk 80’s mais aussi dans le disco et les débuts de la house. Bon, après j’écoute aussi bien Migos que David Bowie, comme tout le monde aujourd’hui.
Gina Zoccio : Même si notre premier single s’appelle Italo Disco, notre style ce serait peut-être plutôt la nu disco, les trucs comme Chromeo, le dernier Daft Punk, même si on n’a bien sûr pas la prétention d’être à leur niveau. Enfin disons que c’est une étiquette qui nous irait en tous cas.
AK : Ils ont aussi un morceau plus dans le style Moroder que j’adore et sur lequel j’ai pu poser un vocoder. Donc cet EP est un peu un mélange de toutes ces influences, parfois réactualisées, parfois prises quasiment telles quelles.
PPBS : Vous êtes basés à NYC, AK et GZR, le label sur lequel l’EP va sortir, en France. Pourquoi avoir choisi de fonctionner comme ça ?
Gina Zoccio : Pour être honnête, la musique, enregistrer un projet, tout ça est super neuf pour nous. Avoir la possibilité, alors que tu as juste une pauvre démo en boîte, de travailler avec des gens qui ont bossé avec des pointures, de bénéficier de leur expertise, c’est super pour nous. Pour tout te dire, on est encore dans les études, on n’est pas du tout dans l’optique de tout lâcher pour la musique pour l’instant, donc on avance doucement en faisant confiance à AK et GZR. On n’est pas pressés.
Roger Withmore : C’est juste un prétexte pour traverser l’Atlantique à chaque projet en fait ! (rires) Puis le premier single est chanté en italien, alors pourquoi pas percer en Europe d’abord ? En réalité, c’est juste 100% plaisir et simplicité, rien de plus. Il n’y a pas de plan.
AK : C’est un peu une question XXe siècle que tu nous as posé là ! (rires) Internet a changé les choses sur le mode de fonctionnement et les possibilités de collaboration. Au niveau pratique, ce n’est pas vraiment dérangeant, à part le décalage horaire pour les Skype !
PPBS : A quoi peut-on s’attendre pour le clip ?
Roger Withmore : Je crois qu’il est bien dans la lignée du morceau. Mais on ne veut pas vraiment en dire plus, cela reste une surprise.
Gina Zoccio : Disons qu’on s’est bien entourés pour cette grande première. C’était excitant à faire. Et je pense que ça le sera à regarder aussi !