Raoul Vignal – Shadow Bands

Petite question : est-ce que la scène folk lyonnaise ne se porterait pas à merveille par hasard ? Non pas que l’on soit des experts quelconques pour sortir de grandes phrases du genre. Mais il se trouve simplement que plusieurs disques sont arrivés jusqu’à nous ces dernières années et tendent à nous faire répondre par l’affirmative. Que l’on parle de l’excellent Théo Charaf, de la brillante Regular Girl ou encore celui qui nous occupera aujourd’hui, Raoul Vignal, tout ce petit monde nous a abreuvé, chacun à sa manière, de belles chansons allant du folk, à la pop, en passant par le rock et le blues.

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Tout un petit monde qui d’ailleurs collabore régulièrement et s’entrecroise, sur disque comme sur scène. La preuve la plus récente et la plus évidente est bien entendu l’excellent disque collaboratif entre Théo Charaf et Raoul Vignal, Two Way Street. Deux zigotos que vous retrouverez aussi dans les crédits du disque de Regular Girl. Une triplette que vous avez pu voir ensemble sur scène au Périscope. Et ainsi de suite. Et inversement.

Mais revenons à la musique de Raoul Vignal et à son dernier disque en date, sorti il y a quelques semaines. Notre absence quasi-totale de culture folk nous empêchera de comparer ce Shadow Bands à d’autres disques, ce Raoul à d’autres artistes. Mais que cela ne nous empêche pas de tenter de vous retranscrire toutes ces choses qui nous passent par la tête et le corps à l’écoute du disque. Un disque de duo. En effet, le multi-instrumentiste est ici seulement accompagné de Lucien Chatin à la batterie dont le jeu léger, discret sans être pour le moins du monde insignifiant, sert à la perfection les douze chansons aériennes composant le disque.

Car au trio classique, guitare acoustique, basse et batterie, RV ajoute au gré des chansons cordes, steel guitar et autres agréments, donnant à celles-ci une dimension tantôt aquatique, tantôt ouatée. On est transporté dans une aube lumineuse se levant sur de grandes étendues (A Horse Named Fortune), sur les bords d’un lac embrumé (Canon Song) et même flottant au milieu des nuages, observant ce qui se passe tout en bas (Andlau). Ou carrément dans le grand ouest américain, tant Brimstone Skies trouverait sa place dans la bande originale d’un western (une référence au film?).

Que Raoul Vignal nous pardonne si on se permet d’affirmer qu’il n’a pas la voix la plus singulière et déroutante que l’on n’ait jamais entendue. Mais celle-ci agrémente à merveille ses compositions subtiles, remplies de détails minutieusement agencés, donnant un incroyable relief à cette apparente simplicité. Ce disque nous donne clairement des envies de nature et de grands airs. De chaleur aussi. Se réchauffer au bord d’un feu certes, mais pas pour y chanter Cumbaya. Plutôt pour se dire des trucs simples ou des vraies choses, de celles qu’on a souvent trop du mal à dire par exemple.

Amis lyonnais, vous avez de la chance : Raoul Vignal sera au Marché Gare le samedi 25 janvier. Et car une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le magicien Matt Elliott présentera ses Drinking Songs en première partie. Et même s’il n’y aura probablement pas de feu de camp, on sait d’avance que ce sera un beau et chaleureux moment.