Maghreb K7 Club – Les Grands Déhanchements
Crèmerie reconnue des amateurs de galettes de cire en tous genres et véritable institution de bientôt un quart de siècle, Sofa Records (rue d’Algérie, Lyon 1er), est également actif en parallèle dans la production de compilations et de rééditions. Du maloya du réunionnais Alan Peters au folk de la québécoise Myriam Gendron en passant par l’album-concept La Perversita, objet sonique pas trop identifié, les horizons se veulent larges et infinis, à l’image de ce que l’on peut trouver à la boutique.
Mais les zigotos ont dernièrement creusé un autre sillon (tu l’as?) avec le lancement du Maghreb K7 Club. Ce fut d’abord en 2020 une superbe compilation visant à mettre en lumière les productions lyonnaises des musiques maghrébines, du milieu des années 80 à la fin des nineties. Les quartiers des pentes de la Croix et, bien-sûr, de la Guillotière, étaient alors des petites sœurs du bouillonnant Barbès parisien (à ce propos, n’hésite pas à lire le fantastique Barbès Blues de Hajer Ben Boubaker). En sortaient alors tout un tas de K7 de musiques relevant de toutes les traditions maghrebines, le tout bien entendu infusé des récents développements de la musique occidentale, par des musiciens résidents ou de passage. Réalisée avec l’aide du CMTRA (dont on ne saurait que trop vous recommander le fantastique triple CD Place du Pont Production), cette compilation a remporté un franc succès qui leur a donné de la suite dans les idées.
S’en sont suivies deux mixtapes au format K7 (rendant ainsi hommage au format préférentiel des sorties de l’époque), mais également des rééditions vinyles de titres bien dansants, les désormais classiques Disco Singles (édités avec les disques Bongo Joe). Les deux premiers volumes, hélas épuisés, nous avaient déjà ramené leur lots de tubes (on citera notamment Zina Zina de Cheb Tahar et Mel’ha Marghbouna d’Hanini) mais aussi, et presque surtout, des titres plus « hors champ » avec les folies de Rachid Baba Ahmed (le soyeux instrumental Racine ou le banger électro-proto-house House Raï Music).
Le troisième et dernier volume en date ne déroge pas à cette règle du mélange des genres. Les deux titres de Khaled Barkat sont des tueries de funk/boogie avec juste ce qu’il faut de pop dedans pour se trémousser bien comme il faut. Quand on vous parlait de mélange, que dire alors du Dub El Hammam de Cheb Tati où l’on retrouve à la production Dennis Bovel, musicien et produteur de reggae originaire de la Barbade et qui compte parmi ses collaborateurs des LKJ, Madness, Alpha Blondy ou même Fela Kuti. Rien que ça.
Le dernier titre, Tafsut du groupe Asif, allie les guitares, chants et harmonies kabyles avec le son du funk 80s dans une ritournelle légère et insouciante, qui en fait une parfaite conclusion à ce maxi. On ne saurait que trop vous recommander de jeter une oreille à ce dernier volume et, plus largement, à toutes les sorties estampillées Maghreb K7 Club. On ne doutera pas que, même si vous n’êtes pas particulièrement attirés par ces sonorités à la base, quelques-uns de ces tubes trouveront une place de choix dans vos playlists de soirée.
Pour choper votre dose, on conseille aux lyonnais d’aller directement sur place, histoire de partir avec d’autres recommandations bien ficelées. Pour les autres, rendez-vous sur le site de Sofa ou sur le Bandcamp.