Guillaume Perret – Free

Quand on te dit, viens écouter un disque de sax solo, je comprends que cela puisse peut-être rebuter. Ne va-t-on pas, quand même, un peu s’emmerder ? Et puis quand on t’annonce que c’est Guillaume Perret qui est derrière le sax, tu tends l’oreille, forcément. Après deux albums éminemment réussis en groupe avec l’Electric Epic, Perret décide de se la jouer solo sur son dernier disque, le bien nommé Free.

 

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[Digression : Pour ceux que ce paragraphe a déjà perdu (« Un jazzman qui fait un disque solo de sax ?! WTF je retourne sur Konbini.»), je vous en prie, soyez un brin curieux, vous n’êtes pas à l’abri de tomber sur un merveilleux disque.]

Alors bien sûr, l’homme arrive tout de même équipé : des micros et capteurs plein le sax, un lot de pédales à effet de la taille du Guatemala et quelques samplers histoire de boucler la boucle. Un attirail qui lui permet d’avoir la gueule d’un groupe à lui tout seul, sur disque comme en live. En fan absolu des lives de Bumcello, j’ai hâte de voir le bonhomme jouer avec ses propres nappes, boucles et samples durant tout un concert.

 

 

C’est très intéressant le matos, la technique tout ça, me direz-vous, mais la musique bon dieu, qu’en est-il ? Et bien c’est un sacré voyage que nous offre la Guillaume Perret. De la liberté il en a prise en explorant de nombreuses contrées sonores au cours du disque. Un voyage dans l’espace déjà, puisqu’on passe de ce qui pourrait être New Orleans (En Good ; She’s Got Rythm) à des pays orientaux (Pilgrim). Mais dans le temps aussi, puisque certains morceaux (Cosmonaut ; Heavy Dance) semble être les bandes originales d’errances nocturnes dans une ville futuriste. Et puis un voyage intérieur aussi  ou les questionnements redondants dans la cellule étroite que constitue notre tête (Inner Jail ; Birth of Aphrodite).

Le disque est donc très varié mais garde finalement sa cohérence du fait des contraintes techniques. Et ces escapades incessantes nous laissent respirer. Cela aurait pu être un tout autre calvaire si Perret s’était enfermé dans un univers dark ou violent avec ce set-up. Heureusement, rien de tout cela ici. Perret a voulu donner une dimension cinématographique au disque et on le sent dès le morceau initial Walk qui semble être le générique d’ouverture d’un film. On imagine facilement les images qui pourraient illustrer les morceaux et on distingue presque les mouvements de caméra.

 

 

Mais ne se lasse-t-on pas de n’entendre que du saxophone ? Pas le moins du monde mon bon ami ! Entre percussions et basses bien grasses, ce sax omnipotent et multidimensionnel te fait traverser ce disque de manière surprenante. Pour avoir une idée de ce que représente ce disque à part, vous pouvez commencer par l’écouter. Mais il est certain que ce projet prend une dimension encore supérieure en live. Le seul concert de la région (pour l’instant?) a lieu le 17 février chez nos amis de la Belle Électrique à Grenoble. Digitick. Ajoutez au panier. Voyages SNCF. Réserver. Rajoute une ou deux Triple Karmeliet dans le sac et on est partis.