Prince Waly – Junior
On avait découvert Prince Waly dans une vidéo Grünt de haute volée avec toute la team Bon Gamin : Jeune LC, Ichon, Loveni et Prince Waly au mic avec Myth Syzer aux platines. Un exercice de style où le charisme de tous les rappeurs de l’équipe transpire. On avait revu la dégaine du Prince W. aux détours d’autres vidéos du crew mais sans creuser plus loin. Puis on a croisé le chemin du Big Budha Cheez, son groupe avec Fiasko, pour leur premier album L’Heure des Loups.
A l’écoute du disque, on aurait vite fait de classer les montreuillois dans ces petits jeunes à fond dans un délire rétro un peu gênant. Sauf que le BBC ne vit pas par procuration mais imprime juste son mode de vie sur la pellicule. Ils matent les mêmes séries que leurs grands frères, roulent dans les mêmes caisses que leurs darons, enregistrent sur bande magnétique et tournent leurs clips en super 8 comme à l’époque de leurs grands-parents. De l’artisanat, une méthode de travail exigeante et fastidieuse, une école.
Big Budha Cheez nous plonge dans M.City, qui est à Montreuil ce que Gotham serait à NYC. Une ville différente où fiction et réalité se nourrissent l’une l’autre. Les productions linéaires et classiques font plonger la nuit et la brume sur Montreuil. L’art du story telling, pourtant aujourd’hui totalement oublié, pointe le bout de son nase pour notre plus grand plaisir. On navigue en eaux troubles, entre constat désabusé sur le quotidien et scénettes de cinéma de rue. Comme le titre le laissait deviner, le disque est sombre, sec, authentique.
Mais revenons à notre sujet du jour : Junior, l’EP de Prince Waly entièrement produit par Myth Syzer. Une sacrée bonne nouvelle tant Waly semble né pour rapper. Armé d’une voie et d’une diction reconnaissables entre mille, d’un charisme et d’une classe rares, il se ballade avec agilité sur les productions de l’orfèvre Syzer. On est heureux de quitter un peu l’ambiance très marquée et parfois pesante du disque de BBC pour explorer d’autres atmosphères sur cet EP.
Des morceaux comme Cherry ou Ginger dévoilent une autre facette du personnage que l’on est heureux de découvrir, avec des instrus moins sombres et une atmosphère plus légère. Mais on retrouve aussi du son qui casse les nuques, comme sur Junior ou Vinewood, sûrement notre titre favori tant l’alchimie du trio Waly/Loveni/Syzer est à son paroxysme et schlingue le talent. Le gava Ichon est aussi de la partie sur Zéro, morceau stressant imprégné de l’univers de l’invité.
Junior est donc une nouvelle preuve du talent de Prince Waly. Mais il confirme aussi qu’il a pour son art une vraie vision qu’il n’abandonnera pas de sitôt. S’entourer de Syzer est, sans surprise, une vraie bonne décision tant l’écrin confectionné par le producteur est qualitatif, varié et cohérent. Cet EP est donc une carte de visite de haut vol à rendre dingue Patrick Bateman. Il sera disponible mercredi en digital mais aussi en vinyle dans un futur proche. Inutile de dire qu’on va rapidement cliquer sur ajouter au panier et qu’on guettera la venue du Prince dans nos contrées lyonnaises.