Pimp C – 10 ans déjà

Il y a 10 ans jour pour jour s’est éteinte une des plus grandes légendes de la musique rap. Et pourtant, eu égard à son statut aux Etats-Unis, relativement peu de personnes connaissent Pimp C en France. La faute aux omniprésentes côte est et ouest et à leur beef perpétuel qui ont accaparé l’attention, masquant ici des pans entiers de l’histoire du rap. Si le sud et, dans une moindre mesure, la Bay Area ont depuis largement su se faire une place dans la lumière, nombreux sont les français, auditeurs réguliers de rap, à ne pas savoir qui sont E-40 ou Z-Ro.

La découverte du rap sudiste, et de UGK en particulier, fut pour moi une véritable révélation. Je n’avais rien entendu de semblable auparavant. Le tempo si lent, les accents traînants, les orgues d’église, les rythmiques lourdes, le charisme clinquant… L’ambiance est comme on imagine le sud : chaud, poisseux, au ralenti. Ajoutons la figure omniprésente du pimp, la culture des grosses bagnoles et les drogues locales : le dépaysement est total.

Voici quelques pistes pour explorer, plus ou moins en profondeur, l’œuvre et la vie de Pimp C. Il y aurait des millions de choses à dire bien sûr, mais on propose juste une petite porte d’entrée. A vous de faire le reste.

 

La Musique

Je ne citerai ici que deux albums de UGK (Underground Kingz, le groupe qu’il forme avec Bun B). Leur troisième album, Ridin’ Dirty, est pour moi le premier classique de leur discographie. Il s’ouvre sur une des chansons que l’on jouera à mon enterrement, One Day. Un titre qui a marqué le public à l’époque. Entre la production, les ritournelles chantées et le propos, l’osmose est parfaite. Sorti en 96, la vibe est bien sûr à l’ancienne mais le disque a parfaitement vieilli.

 

 

Pour ceux qui chercheraient quelque chose de plus « moderne », leur double album éponyme est dans mon top cinq des meilleurs disques de rap, pour être large. On y retrouve la crème du rap du sud (Scarface, Z-Ro, Slim Thug…) et tout un tas d’invités de grande classe venus d’un peu partout (Rick Ross, Dizzee Rascal, Talib Kweli, Big Daddy Kane…).

Et bien entendu, l’autre duo légendaire du sud : Outkast. Ils se retrouvent sur cette prod dantesque de DJ Paul (de la Three Six Mafia), qui avait pourtant déjà été utilisée par Project Pat mais sur laquelle Pimp voulait absolument poser. On comprend pourquoi. Le morceau et son clip sont légendaires. De sa tenue à son entrée incroyable sur le morceau, ce morceau reste pour moi la quintessence de Pimp C.

 

 

Petit bonus, le Captain Nemo et l’Abcdrduson avaient proposé il y a deux ans de ça un mix en l’honneur de Chad Butler. Une heure et vingt minutes de bonheur, retraçant un peu toutes les périodes de sa carrière.

 

 

Un documentaire

Tu souhaites en savoir un peu plus sur la vie de Pimp C ? Pourquoi ne pas mater ce petit documentaire de trente minutes pas mal fichu signé Complex ? On y retrouve de nombreux proches de Pimp C et une partie de la scène sudiste. Vous y découvrirez les moments importants de sa vie, certaines facettes de sa personnalité, son attachement à faire reconnaître le sud et quelques anecdotes goûteuses sur les morceaux importants du groupe. Et cette phrase magique que lui prête Mike Mo : « I’m not that cold of a rapper dawg but, I don’t know, everybody just like the way I say shit. » Tu m’étonnes.

 

 

Un bouquin

Tu es contaminé et tu as sorti ton manteau et ton chapeau en fourrure ? Pour une plongée totale dans l’univers de Pimp C, rien de mieux que le livre de Julia Beverly, Sweet Jones : Pimp C’s Trill Life Story. Le pavé fait plus de 600 pages de petits caractères. Il est tellement immersif que l’on a l’impression, en le lisant, de passer ses journées dans la famille de Chad.

 

Pimp-C-Trill-Life-Story

 

Tout est raconté avec force détails. Sûrement trop parfois. L’enfance, la bipolarité de Chad, les excès de coke et de lean, la vie dans le sud, la prison, la musique, les péripéties avec l’industrie… Le personnage bigger than life offre son lot d’anecdotes et d’histoires passionnantes. Comme le dit Ekoué, « la nostalgie m’empoigne à en parler au passé ». J’aimerais ne pas l’avoir lu, revivre cette lecture et repasser mes heures entre Port Arthur, Houston, Atlanta ou Miami. C’est un peu l’effet The Wire.

 

 

Repose en paix Pimp C. Smoke some bitch !