Oppazet – In The Beginning
Ne tournons pas autour du pot, l’album In the beginning de Oppazet (1997) est une petite tuerie. Mais si on voulait vous en parler ici, c’est aussi pour parler d’un titre particulier de ce disque. Non pas que musicalement ce morceau soit à part ou que le thème abordé se démarque complètement du reste du disque. Non, ce qui nous a interpellé ici, c’est l’angle d’attaque du thème du deal.
Remettons les choses dans leur contexte. Oppazet est un rappeur de Tucson, dans l’Arizona et sort son premier album chez Topnoch Records. Le disque est une collection de bijoux g-funk. Bien qu’un peu éloigné des côtes californiennes, la rappeur (entouré principalement de Black Boy pour la production) nous pond là un disque qui deviendra un classique du genre. Les productions sont hautement organiques et mélodiques, laissant une grande place aux instruments joués live. Et Oppazet nous raconte sa vie de jeune noir issu des quartiers, sa situation familiale délicate, et tous les questionnements qui en découlent. Des thèmes et des textes à la profondeur certaine, servis par la voie douce d’Oppazet.
Le morceau qui nous a particulièrement interpellé, c’est Show em love. Il ne s’agit pas de notre préféré du disque et la prod n’est pas forcément une des plus réussies (en comparaison, par exemple, à celle de I Understand, ouloulou!). Mais avouez qu’écrire une lettre d’amour aux camés qui achètent sa dope, dédicacer un morceau à tous les crack addicts du monde, cela n’arrive pas souvent. Car oui, cet amour là, Oppazet ne veut pas le montrer aux mères des OGs ou encore aux bitches les plus savoureuses mais bien à ces dope fiends qui les font vivre, eux et leurs familles.
Niggas run around like they hatin’ fiends… Who the hell paid your bills and bought you dianmond rings ?
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le morceau transpire la sincérité. Point de cynisme ici, mais simplement le constat que tous sont dans la merde et font partie d’un terrible système (What I’m doin’ ain’t no greater than what you doin. I’m killin’ off my people, you’re killin’ off yoself) où chacun a besoin de l’autre. Alors pourquoi pas se montrer un peu d’amour ? Et Oppazet d’exprimer sa gratitude et son respect au côté demande du marché pour avoir rempli ses poches quand il n’avait rien.
Mettez la main sur ce superbe disque (il est facilement trouvable sur les internets ; en disque compact ça vous coûtera dans les 50 balles a priori). Vous pourrez prête une oreille plus attentive à ce morceau si le cœur vous en dit. Régal assuré.