Wall of fame – rencontre avec Velour
Ok, je suis trop trop contente d’écrire cette interview. Depuis qu’on est à Lyon, à chaque fois qu’on est dans la rue, on voit des gros cœurs au mur avec des dents. Et à chaque fois on se demande ce que c’est, qu’est-ce qu’est la signification de ces trucs bizarres !
Il y a deux semaines, on a eu l’idée de faire une « série » de rencontres avec les street artistes de Lyon. On a donc cherché sur internet tous les noms d’artistes et bimmmm, on a trouvé le fameux « Velour ». Ni une, ni trois on lui a envoyé un petit DM. Il nous a répondu très vite, et hyper motivé par le projet. On était comme des folles. C’est une trop bonne occasion de faire vivre ce webzine en allant rencontrer des gens qui nous inspirent.
On a donc pris rendez-vous un soir de semaine devant chez lui, qui est également son atelier, pour le rencontrer et parler de lui et ses projets. On est arrivées dans un appart très stylé, il faut le dire, avec une petite partie dédiée à son taf artistique. Il y avait plein de choses, on avait envie de toucher à tout. On s’est donc posés tous les trois, accompagnés de son petit chat, et on a commencé à discuter.
Victor, le fameux monsieur qui se cache derrière « Velour », nous a d’abord parlé du but de ces cœurs à la dentition peu commune. Il nous dit vouloir vulgariser ses dents, apporter sa petite touche à l’art Lyonnais.
À la base, Victor n’était pas du tout dans l’art, il était dans la restauration, oui étonnant. Il avait même ouvert un petit salon de thé ! Salon de thé dans lequel une street artiste, Choléra, venait boire son café. Très vite, il a accroché avec l’idée d’aller s’exprimer dans la rue et il l’a donc accompagnée. Il a bien sûr aussi commencé à coller. Après une tentative de collage de petits mots d’amour un peu baveux, il a finalement préféré se tourner vers quelque chose de plus « dangereux ». Il a donc commencé à utiliser la bombe de peinture.
Et c’est à ce moment-là qu’arrive l’anecdote qui va donner vie à son art que l’on voit maintenant. Il nous a dit avoir fait un pochoir de la grande bouche du chat dans Alice au pays des merveilles, vous, voyez, celui qui fait un peu flipper là, voilà. En allant montrer son idée à des potes, un petit génie lui a demandé pourquoi utiliser la bouche de quelqu’un d’autre alors qu’il a la chance d’avoir une dentition particulière qui pourrait rendre son travail unique. Quelle bonne idée !!
« le cœur et ma bouche, c’est difficile de faire plus moi ».
C’était donc parti, le projet était en place. À la base, c’était pour passer le stress que lui provoquait sa boîte à l’époque. De fil en aiguille, la notoriété a commencé à augmenter. Tout ça c’est trop cool, mais Victor nous disait que le plus kiffant pour lui, c’est de produire quelque chose, un objet, palpable. Il rencontre donc Alex Albissier, artiste 3D, avec qui il va mouler ses dents, non sans galère, pour produire des moules 3D de ses gros cœurs.
Maintenant que ces supports sont en vie, il peut les passer à plein d’artistes qu’il kiffe pour qu’ils ou elles les customisent. Ça devient donc leurs œuvres d’art et c’est un beau mix de talents <3.
« Tant que ça voyage et ça change de ce que je fais… je trouve que c’est le but de l’art. »
Bon, tout ça, c’est super intéressant mais nous on avait une question qui nous restait dans la tête, on voulait savoir la réponse. Pourquoi le nom Velour ? On en revient à la street artiste avec qui il a commencé, Velour et Choléra, c’est paradoxal, ça va ensemble… tout roule. En plus ça match avec ce qu’il fait encore aujourd’hui.
On parlait avant de voyage pour les œuvres, de changement. On est parties sur une discussion qui nous prouve encore que Victor aime les projets différents, où il peut découvrir plein de choses. Il a par exemple fait tout un projet où il produit des velours avec l’aide de l’intelligence artificielle. C’est assez ouf de voir l’évolution de ce travail. Il aime toucher à tout. La sérigraphie, le moulage, les sappes…
« Pour moi, la compétence, c’est ça la vraie richesse »
On a ensuite parlé plus de lui, on l’a questionné sur son rapport avec ses dents. Il nous a dit avec fierté qu’il aime ses dents, qu’il est très content que le petit Victor a dit non aux appareils dentaires et aux opérations. Il nous a même dit que maintenant il trouve que ce sont les autres qui ont les dents serrées.
À un moment donné, je suis revenue sur le fait qu’il a dit que c’était pour se déstresser, pour décompresser. J’avais très envie de savoir si un jour, comme d’autres artistes ont pu le faire, il a commencé à se mettre une pression. Vous savez, quand on veut tellement aller plus loin et faire toujours mieux que ce qu’on kiffe devient plus un truc chiant à devoir faire. Et c’est trop cool parce qu’il nous a dit que non ! En gros il nous a expliqué qu’il sait se mettre des limites, il veut que ça reste un plaisir, sans commande. Il ne veut faire que des choses qui lui ressemblent. Si il ne vend pas en expo, c’est pas grave, il est dans une expo et ça c’est déjà lourd. Impossible pour lui de rendre son art « stressant ».
On avait un peu envie de savoir comment il évolue dans son milieu, genre comment il sentait la commercialisation du street art avec, par exemple, les expositions payantes. Sans grandes surprises, il n’aime pas ça. Il est assez contre le fait de mettre en lien le street art et la société de consommation,
parce qu’à la base, le street art c’est tout le contraire. C’est vrai que quand on voit des gars qui font du street art littéralement pour survivre, que c’est leur passion la plus profonde, on a du mal a croire que ça peut rentrer dans une petite galerie d’art tout blanche et gentille. Pour lui, ça recouvre les murs, ça dénonce et ça en met partout.
Lui, il préfère le street art social. Il aimerait d’ailleurs aller grapher en crew, pour créer du lien, apprendre aux autres et justement ne pas enfermer son art.
Bref, on a rencontré Victor, celui qui a toujours eu envie de produire, de mettre sa brique au mur artistique du monde, avec ses cœurs qui sont encrés dans le temps. Celui qui veut savoir faire plein de choses, toucher à toutes les matières. Celui qui assume qui il est et qui le montre dans ses œuvres.
On espère que maintenant vous serez matrixés par ces cœurs dans la rue et que Victor recevra des tonnes de photos de ses œuvres en DM.
Nous on a adoré en savoir plus sur lui. C’était un moment trop trop bien et hyper intéressant, merci Velour, merci Victor.