Migos – Rich Nigga Timeline
Il fallait que ça sorte. Après une dizaine d’écoutes en quelques jours, causant gesticulations ridicules au bureau, à la maison ou dans la caisse, rarement à l’abri des regards (hélas), il était temps de vous parler de ma nouvelle maladie mentale: Migos et sa nouvelle tape, Rich Nigga Timeline.
Pas que je découvre le groupe avec cette nouvelle sortie. Comme tout le monde ou presque, j’ai découvert le trio d’Atlanta avec les hits Versace et Hannah Montana, tirés de la tape incontournable YRN (pour Young Rich Niggas). On découvre le style ultra-énergétique de Migos, fait d’adlibs et de backs qui partent dans tous les sens (Gucci Mane si tu nous lis). on a l’impression d’entendre un feu perpétuel de plusieurs mitrailleuses. Mais des guns dorés qui viseraient n’importe comment et dans toutes les directions. Bref, le genre de musique jouissive qui fait qu’une grande asperge comme moi ne ressemble pas à grand chose lorsqu’elle tente des danses improbables…
Après ça, j’étais passé à côté de la suite et notamment la tape No Label 2pour finalement tomber sur deux articles de The Fader. Un premier, relativement court, détaille le “modèle économique” de Migos (This Is How Migos Get Money), parfaitement ancré dans la réalité actuelle de l’industrie de la musique. Comment ces gars-là font de l’argent? Live dans les clubs, streaming, merchandising, sorties de leur tapes exclusivement sur certains sites et, éventuellement, ventes de disques. Un business lucratif organisé et pensé par les structures qui supportent le trio, focalisé lui sur l’artistique: 300 Entertainment et Quality Control Music et leur respectives éminences grises Lyor Cohen pour 300 et Pierre “Pee” Thomas et Kevin “Coack K” Lee pour QCM.
Des personnages que l’on découvre à la lecture du second article (Who Will Survive When Migos Meets Big Data?). Les ambitions du groupe sont énormes mais celles de leur entourage sûrement plus grandes encore. L’article nous fait partir d’un terrain de paintball avant d’aller dévaliser des boutiques en vue d’un shooting, pour passer une soirée à la mansion du groupe avant qu’il ne s’envole pour la Suède, rencontrer des prodos princes de la pop urbaine (désolé pour ce terme) et tenter le saut vers le crossover qui les fera exploser. Car, même si Quavo, Offset et Takeoff ne savent pas vraiment ce qu’ils vont foutre en Suède (ont-ils jamais eu besoin de grands blonds à l’autre bout de la planète pour retourner les clubs du monde entier?), ils veulent durer et ceux qui les ont orientés jusqu’à maintenant ont dans l’idée que c’est ce chemin qu’il faut emprunter.
Pour en revenir au dernier projet en date, il faut le dire, c’est le feu, et ce dès l’ouverture qui se veut sanglante (Cross The Country). Les dix premiers titres sont imparables, entre basses diaboliques et flutines rebondissantes (Zaytoven a fait des petits). Can’t Believe It, Hit Em, Pop That, Bachelor, autant de refrain mitraillettes et de couplets brutaux. Dans la seconde partie de la tape, on trouvera une ouverture vers des terrains plus sucrés que j’ai trouvé superbement réussie, notamment avec les très bons Wishy Washy et le dernier track, Struggle, simplement parfait.
Vous l’aurez compris, Migos règne sur le rap des années 2K10 et ce dernier projet en est une nouvelle démonstration. Des plus frappantes.
PS: Pour creuser un peu plus profond, on vous conseille d’aller mater la dernière émission de Deeper Than Rap sur le trio.