The Heliocentrics
Le Périscope en révolution autour du soleil
Oyez, oyez ! Avis à la populace. Cette année, le Périscope fête ses 10 piges donc commencez déjà par mettre le champagne au frais. Deuxio, même si la sauterie du 7 mars n’a pas le tampon de cette fiesta d’anniversaire, on peut affirmer que les programmateurs de la salle affaire ont réalisé un coup fumant puisque ce sont les Heliocentrics qui viendront nous faire voyager ce soir-là.
Le groupe londonien décrit son style comme du «psychedelicallybrokenjazzsoulfunk ». Et le truc, c’est qu’on ne saurait trouver meilleur terme. Enfouis dans leur studio analogique, le Quatermass Sound Lab (où a également été enregistré le désormais classique « Black Focus » de Yussef Kamaal), leur objectif est simple : créer leur propre identité en faisant fi de toutes les barrières et de toutes les tendances et ainsi proposer la musique « qu’ils veulent entendre mais ne trouvent pas ».
Le groupe cultive les horizons sans limite et leurs influences sont nombreuses et aussi variées que les prestigieuses collaborations ornant leur CV : DJ Shadow (légende), Mulatu Astatke (légende), Orlando Julius (légende), Lloyd Miller (légende) peuvent être cités parmi d’autres. Ce qui est intéressant dans ces échanges, c’est d’abord qu’ils sont développés sur de longs formats et qu’ensuite qu’ils en sont vraiment, des échanges. Si on écoute par exemple le « Inspiration/Information » avec le jazzman étiopien, il est clair que les Heliocentrics seuls n’auraient jamais pu sortir un tel disque et que Mulatu seul encore moins. Un partage des envies et des méthodes qui en fait des objets uniques. Le « (OST) » avec Lloyd Miller est à ce compte là aussi remarquable.
Du rap à l’électronique en passant par le jazz africain ou oriental, la palette sonore est large et pourtant, le son reste parfaitement reconnaissable de projet en projet. Il se veut toujours granuleux et authentique. Basés sur l’improvisation et le live, les enregistrements de la bande de Malcolm Catto sont des expériences sonores instinctives qui vous emmèneront très loin. A ce sujet, leur dernière sortie en date est la bande originale d’un documentaire sur la vie de Nicholas Sand et Tim Scully, le duo de chimistes utopistes à l’origine du standard du LSD (l’Orange Sunshine). Coïncidence ? Je ne crois pas.
Sur leur dernier album en date, « A World of Masks » également sorti cette année, le groupe a ouvert ses portes à la chanteuse slovaque Barbara Patkova. Des horizons toujours plus larges on vous dit. Bref, il est peu dire que le Périscope nous ramène là une tribu de cadors. Et quand on voit que le billet ne coûte que 13 balles, on se dit en effet qu’un petit rééquilibrage entre DJs et groupes de live est sûrement nécessaire. Dans tous les cas, on se voit là-bas.