Rencontre avec :
Pierre-Olivier Leclercq
Il faut être myope pour passer à côté du disquaire Sofa Records situé au 7 rue d’Algérie dans le 1er arrondissement de Lyon. Le shop monté par Pierre-Olivier Leclercq en 2000 n’a pas pris une ride. Étant né la même année, il était important pour moi de connaître son évolution durant ces vingtaines d’années. Le gérant nous raconte comment il a su s’adapter au marché de la musique face au covid-19.
“J’arrête la musique ?” C’est par ces mots qu’a débuté l’interview. Pas commun pour l’audiophile qu’est Pierre Olivier Leclercq qui m’a mis dans cadre sonore adéquat pour l’enregistrement. Commençons ! Nom, prénom, date et lieu de naissance ? “Carrément mon lieu de naissance ?” répond-il en déconnant, pas facile à dire quand on vient du Creusot “Ça je préfère que ça reste confidentiel” ajoute-il en rigolant.
“J’ai jamais fais grand chose à part écouter beaucoup de musique”
Après avoir travaillé chez Gibert ainsi que pour le magasin La Bourse rue Lanterne en tant que vendeur de CD, disques, DVD, il décide de monter Sofa Record. “Depuis l’école primaire je suis à Lyon, mon choix a été rapide. Historiquement les disquaires étaient dans ce quartier, je ne me voyais pas ouvrir ailleurs”.
Pourquoi Sofa ?
“Car c’est un nom facilement prononçable et très court. Y a pas plus que ça !”
“Tu vois notre logo ? C’est quand même une étagère de disque”
Sofa Records dénombre plus de 10 000 disques en stock, de quoi passer des heures à chiner !
“Je viens de la scène punk, j’ai beaucoup traîné avec les Mods”
Disquaire généraliste, musiques noires américaines, soul, funk, jazz, rock, hip-hop, en passant par les musiques mondiales. “J’ai des choses dites commerciales et des choses très obscures ». J’ai aucun problème à naviguer entre ce qui est commercial et ce qui ne l’est pas. J’ai toujours eu un problème avec ce côté élitiste de la musique, ou il faut absolument que ce soit obscur pour que ça soit bien. J’ai écouté du jazz, qui est imprégné des musiques extra-occidentales. J’ai beaucoup chiné de disques en brocantes, spécialement des musiques du monde. La mode et les rencontres font que tu t’intéresses aussi à de nouvelles choses, ça avance naturellement”. Pierre est très éclectique et ne catégorise pas, pour lui, c’est la musique qui compte et non pas qui l’a produite !
Et pour la suite ?
“Avoir toujours plus de monde en boutique, développer le site qui est dédié aux musiques du monde et jazz. Des projets de label, ça prend du temps, de l’argent mais ça avance avec un bon cru qui s’annonce pour 2023. On va également relancer les releases party/showcase.”
“La consommation de vinyles à changé en 20 ans. Pendant très longtemps un maxi de House ça coûtait 10 balles mais là il y a une inflation inexpliquée »
“Depuis le confinement les gens consomment dans leur canapé. Je pense que les gens passent à côté des 10000 vinyls présents dans le shop. Votre génération, vous êtes des fégnasses ajout-il en rigolant. On va se retrouver avec des rues ou il y aura plus de commerces indépendants même dans les grandes villes comme Lyon. Il y a un vrai choix à Lyon, le confort, la proximité des commerces, je comprends plus que les gens ne sortent plus.”
Olivier tient son compte Instagram à jour avec des stories regroupant des nouveaux arrivages et non “les” nouveaux arrivages, car sinon ce serait trop long de tous les poster” précise t-il. “Chez un disquaire c’est pas comme acheter une paire de pompes ! On peut aussi discuter et ne pas toujours aboutir à une vente.”
Qu’est qu’une réédition ?
La Perversita est un bon exemple. Sorti en 1979, cette réédition du disque a été faite sur le label/disquaire Sofa Records. “On était convaincu que ce disque avait un intérêt à ré-exister sur le marché. On a fait une proposition au détenteur des droits, nettoyer la cover via un graphiste, repris le son par un ingé pour faire en sorte qu’il soit propre, remasteriser, presser et 6 mois plus tard le voilà en magasin. J’encourage nos amis lyonnais à venir découvrir ce très beau disque”. À découvrir juste ICI.
Alain Peters, toujours dans les backs ?
“Jusqu’à la mort” conclue t-il.
Horaires
13h – 19h tous les jours sauf le samedi 10h30 – 19h et dimanche fermé
7 Rue d’Algérie, 69001 Lyon