Rencontre avec :
Philippe Thévenet de Radio Meuh

Direction La Clusaz pour une interview exclusive en plein cœur de la montagne. Après de nombreuses péripéties avec ma voiture, j’arrive enfin à Radio Meuh. La montagne, ça vous gagne ! Je vous répondrai oui, sauf lorsqu’on a pas de pneus neige et une batterie qui ne tient pas la route.. Heureusement, Philippe m’a accueilli les bras ouverts avec un café chaud. Pourquoi le nom “Radio Meuh” ? 

“C’était un clin d’œil par rapport à nos origines, la montagne, le reblochon. Il y a sûrement plus de vaches que d’habitant à La Clusaz. Rire. C’était aussi pour montrer qu’on se prenait pas trop au sérieux non plus, un côté décalé, détendu.”

Je m’appelle Philippe Thévenet, j’ai 48 ans et demi et j’habite à La Clusaz. J’ai eu un parcours un peu lent à l’école, sans diplôme à part le baccalauréat. Quelques expériences à droite à gauche. Finalement ici, on se laisse vite absorber par la vie de saison. On trouve un boulot, on fait une saison, et on part en voyage ! J’étais dans ce rythme là pendant pas mal d’années. Puis avec un pote on a pris un resto en gérance à La Clusaz à l’âge de 26 ans. C’était ma première grosse expérience. J’étais associé avec un cuistot, ma partie était celle du bar mais pas que, je m’occupais aussi de la musique. Ça a été mes premiers feedbacks par rapport à mes sélections musicales. Je faisais attention à bien faire mes compilations et ça depuis l’enfance, avec les cassettes notamment. Ça a commencé à petite échelle avec la radio fm en appuyant sur rec quand j’étais enfant, puis les CD gravés et maintenant à grande échelle avec une webradio que j’ai créé en 2007 avec mon collègue informaticien.

 

« J’ai toujours été dans une bande de potes qui étaient passionnés de musique. »

Ici on est loin de l’industrie musicale de Paris, loin des disquaires, des clubs, la radio on en avait pas, on était tous content quand il faisait beau et qu’on pouvait capter les ondes de Couleur 3. Je ne me suis pas mis beaucoup de pression sur le projet, c’était vraiment le cœur qui parlait, l’envie de faire quelque chose en relation avec la musique et il se trouvait qu’internet et la web radio permettait de le faire facilement. Alors que monter une radio FM normale, on s’y était intéressé mais on a vite abandonné tellement c’est compliqué. Le fait que l’ADSL se démocratise permettait de se lancer et de se dire on essaye et on verra bien. J’avais en tête de faire quelque chose dans la musique. Monter une radio c’était un rêve, rien que le nom ça fait kiffer ! Le resto m’a permis de comprendre que je pouvais m’adapter à mon audience. 

Quand Christian Pollet-Thiollier m’a dit « Vas-y ! Techniquement c’est possible ! », on s’est lancé. 

 

Le début de la webradio : 

“C’était les prémices du streaming, les connexions commençaient à être meilleures. J’ai mis ma discographie sur le serveur, on a organisé tout ça, on en a parlé autour de nous. Et vu qu’on habite en station, les saisonniers en ont parlé autour d’eux, j’ai senti un truc qui prenait, les échos étaient bons. Il a fallu éduquer les gens par rapport au fait d’écouter de la musique via ordinateur. Toi qui es jeune tu ne peux pas connaître ça. Il y a 15 ans c’était pas un réflexe d’écouter de la zic sur ordinateur, même les grosses radio n’étaient pas sur le web. On était dans les précurseurs, avec un nom accrocheur et une programmation musicale qui a plu. Les gens en avaient marre de la pub sur la FM, donc ils étaient contents d’écouter de la bonne zic sans pub.”

Quelles ont été tes motivations pour la création de Radio Meuh ? 

“Ça a commencé à l’adolescence avec mon grand frère et ma mère qui écoutaient beaucoup de zic. À l’époque, moi c’était les magazines et la Fnac ou je pouvais écouter les nouveautés dans le casque, il n’y avait pas d’autres moyens. Puis internet est arrivé. Au fur et à mesure des rencontres lors des festivals organisés, je me suis intéressé à de nouvelles choses. C’est une évolution, je ne passe pas les mêmes choses à la radio qu’il y a 15 ans.”

Évolution de la radio : 

“À la suite de la web radio, il fallut trouver d’autres moyens de revenus plus solides pour se financer. On a commencé par faire des presta Dj partout en France. Puis est arrivé le Festival qu’on organise depuis 11 ans avec des copains du Grand-Bornand de Doka Production. Une fois par an à La Clusaz, le premier week-end d’avril avec des concerts sous chapiteau le soir et en journée des dj-sets sur les pistes. L’été, il y a maintenant notre événement Le champ des Platines, avec un set-up assez simple dans la montagne ou on invite les gens à nous rejoindre à pied pour passer l’après-midi en musique. C’est par ce biais, que je suis devenu DJ, ce que je n’étais pas avant. »

Vinyl by Nature, quel est le prochain spot ?

“Le concept est de trouver un endroit contemplatif où je partage mes découvertes. La dernière fois j’ai un pote qui m’a emmené en paddle sur le lac d’Annecy. Le prochain se fera en Corse.” 

Comment vous êtes vous rencontrés avec Laurent Garnier ?  

Ça s’est fait très naturellement, avec sa bande de potes ils ont créé un festival la même année que nous. On est entré en contact avec lui, il est venu jouer au festival un an après. Laurent nous a proposé de reprendre son émission sur radio meuh, ça a été un step dans notre évolution qu’un pape comme Laurent Garnier nous propose ça ! On échange régulièrement, c’est devenu notre ami et parrain.  

 

Quelles sont tes ambitions pour la suite ? 

On a un espace club pour les abonnés Radio Meuh qu’on souhaite développer. On voudrait leur proposer du contenu exclusif. À venir…

Radio Meuh Circus Festival

Du 30 Mars au 2 Avril 2023

À La Clusaz

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