Première Vieillerie
Allez, on se motive pour essayer de remettre en route le blog doucement, sans promesse aucune. Mais on lance un exercice déconnecté de l’actualité, ce qui nous permet de ne pas lui courir après et de ne nous sentir en permanence hors-tempo. On ressort donc des cartons des “vieux” disques pour en parler vite fait. Par vieux on ne veut pas dire des trucs des 70′s mais simplement des galettes vieilles d’au moins quelques années que l’on se doit de ressortir pour tenter de reprendre pied et de s’évader du flot continuel de nouveautés à écouter. Première étape avec Katerine et “Mes Mauvaises Fréquentations”.
Avant de devenir le personnage que l’on connaît, Katerine était un chanteur disons un peu plus conventionnel. Non pas qu’il ne présente pas sur ce disque un concept et une trame clairs, mais on est quand même assez éloigné des bizarreries (ce qui chez nous n’est pas un mot négatif, bien au contraire) de Robots Après Tout, Philippe Katerine ou Magnum pour les plus connus.
A cette époque, c’est à dire il y a presque vingt ans (1996), Katerine était svelte, avait des cheveux sur la totalité du crâne et adoptait un look d’adolescent anglais des sixties. Son regard mystérieux sur la pochette violette et orange pourrait presque nous amener à attendre un vrai disque de rock’n’roll. Genre un truc un peu garage un chouïa nerveux.
Mais on retrouve plutôt la voix fluette du dandy du Poitou sur des chansons douces, des ritournelles et des ballades. Autour d’un trio guitare-contrebasse-batterie, viennent parfois se greffer un vibraphone, un orgue et des chœurs dont les harmonies donnent ce petit côté rétro tout à fait délicieux. Délicieux, c’est un mot qui qualifie très bien ce disque où l’on parle séduction, jardins (qu’ils soient anglais ou botaniques) mais aussi coups de feu et bonheur révolu. En effet, on retrouve dans ce disque, sous le vernis du dandy à la coule qui demande à sa douce si cette fourrure lui sied autant à merveille qu’il ne le pense, quelques chansons plus sombres et déprimées.
Le tout s’avale comme un verre de whisky glace en robe de chambre en soie, bien installé dans un bon fauteuil club. Ces chansons courtes (la plus longue n’atteint même pas les trois minutes) vous donneront autant envie d’esquisser un twist dans vos pantoufles que de contempler ces fameux glaçons, amplis de liquide ambré, en profitant pleinement de votre mélancolie. Si cette vieillerie nous ramène vingt ans en arrière, en l’écoutant vous voyagerez sûrement encore plus loin. Atmosphère surannée assurée.