Perdons-nous dans le ‘Labyrinthe’ d’Elestre
Le Spectre est mort, vive Elestre ! On vous avait parlé du Spectre il y a de ça 3 ans maintenant (le temps passe à une vitesse ma bonne dame!) pour sa géniale mixtape commune avec DJ P, « Brain Soup ». A la suite de cela, peu de choses si ce n’est un mix intitulé « Nightmoves » posté sur son Soundcloud il y a quelques mois. Ce mix, que l’on vous conseille chaudement, nous envoyait déjà quelques indices de ce qui vient nous occuper aujourd’hui : l’EP « Labyrinthe », premier effort solo du monsieur, sorti ce lundi.
Basé dans notre bonne vieille capitale des Gaules, Elestre est tombé amoureux fou de la musique des autres. Tellement amoureux qu’il l’écoute sous toutes ses coutures, la dompte, l’apprivoise… Une fois qu’il a obtenu sa confiance et qu’il la connait sur le bout des doigts, ce savant fou la découpe dans tous les sens et s’amuse avec les échantillons ainsi obtenus avec une maîtrise implacable. Ce sont ces collages méthodiques, cet artisanat de première classe, qu’il nous propose le long de ces cinq titres.
Ces échantillons, Elestre les pioche dans le funk, le jazz spirituel, le rock psyché des 70’s pour créer un son entre l’abstract hip-hop et le trip-hop. L’atmosphère est cinématographique à souhait, faite d’ambiances tantôt vaporeuses et oniriques (« La Dérive », « Chair et Tendre »), tantôt plus rythmées et énervées comme sur l’incroyable « Du Chaos Des Etoiles », qui vous fera remuer la nuque à coup sûr. Ce labyrinthe, c’est la bande originale parfaite pour tes pérégrinations nocturnes, qu’elles soit réelles ou imaginaires. C’est la musique d’un film noir qui ne se jouera que dans ta tête.
Alors, Elestre Meilleur Ouvrier de France de beatmaking ? C’est un grand oui pour nous puisqu’il propose sa griffe et ses innovations personnelles dans le respect du savoir-faire et des méthodes traditionnelles du hip-hop instrumental. De grands noms nous viennent en tête en écoutant sa musique, que ce soit DJ Shadow, Funki Porcini ou même Amon Tobin sous certains aspects. Mais on ne voudrait pas l’embarrasser donc on ne les citera pas.
La seule ombre au tableau ? Tout cela est bien trop court ! Mais rassurez-vous, cet EP n’est que le premier volet d’un triptyque intitulé « La Montagne Sacrée ». En attendant la suite (et peut-être une matérialisation physique du triptyque si Dieu veut), continuons donc de nous perdre agréablement dans ce labyrinthe. Et surtout, n’en trouvons jamais la sortie.