James Stewart – Passeur et Bâtisseur
Quel lyonnais aux oreilles un peu curieuses n’a jamais croisé sur sa route le nom de James Stewart ? Qu’il soit derrière des platines ou des congas, en live ou dans ta radio, il est fort probable que toi et lui aient été connectés à un moment ou un autre. Cet érudit et étendard lyonnais des musiques de l’Atlantique Noir, après avoir beaucoup transmis la musique des autres que ce soit en tant que DJ ou organisateur de soirées, a commencé il y a quelques temps à produire ses propres morceaux.
Cela a commencé il y a deux ans avec le « Cotonou EP » sorti chez Alma Negra et cela continue aujourd’hui avec « Atlantic River Drive » qui s’apprête à sortir chez Mawimbi Records. A l’écoute de la musique de James Stewart, on sent chez lui aussi bien un besoin de se faire passeur que d’être bâtisseur. S’il souhaite faire découvrir les musiques de cet Atlantique Noir, il le fait en construisant des ponts avec les musiques actuelles pour obtenir un son moderne et dansant. Ici et là-bas, aujourd’hui et hier, le tout réuni sur un même dancefloor.
Il est important de noter que si ces sorties sont estampillées James Stewart, celui-ci prend un malin plaisir à s’entourer de chanteurs et musiciens très doués. On y croise souvent le stakhanoviste Bruno ‘Patchworks’ Hovart mais aussi Etienne Kermarc de Supergombo, entre autres. Pour ce nouvel EP, en écho au « Harlem River Drive » d’Eddie Palmieri, il est aussi accompagné du chanteur Ghanéen Ayuune Sule. Le texte de la chanson éponyme, d’abord écrit par Stewart puis traduit dans la langue natale de Sule, est superbement mis en relief par la voix profonde et baignant dans le blues de ce dernier. Le rythme puissant et syncopé, entre organique et électronique, répond parfaitement au timbre du ghanéen qui passe en un claquement de doigt de la soul à un chant plus incantatoire.
« Where are we going », le second titre, est doté d’une instrumentation particulièrement riche. La présence des claviers, du saxophone et de la clarinette basse (quel instrument incroyable trop peu utilisé!) nous a fait bien plaisir. Tout comme la deuxième partie du morceau, ultra-rythmée et taillée pour la piste de danse, qui nous a fait remuer plus que de raison. Pour ne rien gâcher, Mawimbi a confié à Simbad (Worldwide FM, Brownswood ; ici sous son allias SMBD) le soin de remixer le titre. La version quasi dub du morceau est une réinterprétation particulièrement réussie.
Stewart. James Stewart. Comme le célèbre sujet de sa majesté qui partage son prénom, il a une fois de plus rempli sa mission : nous faire bouger le popotin en gardant la tête bien faite et en élargissant nos horizons. En attendant de pouvoir les écouter sur un dancefloor quelconque, n’hésitez pas à aller le précommander sur le bandcamp de Mawimbi ou à guetter vos disquaires favoris d’ici la fin du mois : s’ils ne sont pas à la ramasse, ils ne passeront sûrement pas à côté de cette petite pépite !