2018 en 8 Artistes Rap Francophones (1/2)

Puisque l’on vit sûrement les plus belles heures du rap et que chaque jour de nouveaux talents naissent sur internet, j’ai eu envie de faire une présentation de quelques artistes francophones qui méritent un peu de lumière. Evidemment, elle n’a rien d’exhaustif et privilégie les artistes qui ont su se démarquer musicalement – d’après mon arbitraire point de vue. Ouvrez grand les yeux et surtout, tendez l’oreille.

Zinz

Loin d’être un novice, Zinz a expérimenté le rap en solo et en groupe pendant près de dix ans. Fin 2017 il est revenu solo, rempli de rage, d’humilité et d’ambition. Après avoir distillé des titres pendant 2 mois, le rappeur de Ferney a sorti Zosma. Un dix titres gratuit à prendre comme un aperçu de ce qu’il a appris toutes ces années. Zinz a un style brut et sans artifices. Fort d’un flow assumé, il n’hésite pas à aller chercher des sonorités qui peuvent parfois paraître dissonantes, mais qui participent justement au charme de son flow et à son identité artistique. Celui qui est « issu d’une cage d’escalier où ça pue le pipi » (Tout est relatif) arrive à développer des textes assez denses et parsemés de punch’. « Plus prolifique que les cainris » (#PAV), son disque dur contiendrait plusieurs dizaines de sons prêts. Et tous devraient voir le jour en 2018. Cependant, ne comptez pas sur lui pour annoncer une quelconque date de sortie. Mystérieux, voire mystique… ce sont les constellations qui guideront ses publications. Quoi qu’il en soit, la première mixtape est déjà là. Et à défaut d’être passionné par l’astronomie, il suffira de guetter sa chaîne YouTube ou bien sa page Facebook pour ne rien louper.

Youri

Près d’un an plus tôt, Youri débarquait de nulle part avec un premier EP sobrement intitulé Tsar Trap Vol.1. Deux mois plus tard, il publiait un deuxième projet, Free Tsar Vol.1, avant d’enchaîner les singles. Avec une dizaine de titres à son actif, celui qui est « Russe comme Poutine, Grec comme Léonidas » (Epoque de merde) est parvenu à se faire identifier parmi la foule de rappeurs qui émerge. Sa nonchalance et son côté rien à battre résonnent autant à travers son interprétation que les textes. Avec beaucoup d’autodérision, Youri se met à nu et parle de sujets communs comme la drogue, l’amour, la société… mais la manière dont il les aborde le rend original. Il apporte un point de vue assumé qui reflète toute une génération : « Nique leur sobriété, de mon corps j’suis propriétaire / Nique leur audi TT, j’ride en twingo pété » (Lalala).

Dans la cuisine, on retrouve aussi Asot One et l’équipe de Citizen Ken aux fourneaux. Le premier mixe et masterise le produit, tandis que les seconds l’illustrent avec des images captées jusqu’en Inde. Si aucun clip de Youri ne dépasse pour l’instant les 100 000 vues, mis à part son feat avec Lord Esperanza et Nelick – avec qui il partage l’affiche du dernier Couvre Feu sur OKLM aux côtés de Youv Dee – il est probable qu’il tape le million cette année. Surtout si Tsar Trap Vol.2 est à la hauteur du premier extrait.

Sali

Retour en terres lyonnaises pour découvrir, une fois encore, des sonorités parmi les plus surprenantes du rap francophone avec Sali. Malgré sa discrétion, il suffit de tomber sur un seul de ses morceaux pour devenir accro. Les titres sur lesquels elle dépose son flow sont distillés sur différents comptes Soundcloud. Les plus anciens que j’ai pu trouver datent de 2016 mais désormais, écouter Sali devrait être plus simple en suivant son équipe, Maison Studio Entertainment, sur soundcloud et instagram. Les instrumentales, généralement délivrées par le talentueux coach Rolla, sont comme des nappes sonores qui flottent. Ce sont de véritables invitations à un voyage dans les cieux ou dans un passé qui n’existe pas. Sali apporte un vent d’air frais sur le rap lyonnais, qui lui-même est une tornade de créativité. Au vu du peu de titres disponibles, et de leur variété, il est encore assez difficile de qualifier sa musique. Parfois, elle envoie un égotrip autotunée et plein de grâce sur une prod hypnotisante Rollationnel. Et parfois elle accompagne la musique, en devenant elle-même un instrument à part entière du morceau, comme sur Internet. Mais puisque, comme tout art, la musique est avant tout un ressenti, une émotion, le meilleur moyen de la comprendre n’est pas de me lire, mais de l’écouter.

6rano

Puisqu’il est coutume de garder le meilleur pour la fin, 6rano vient logiquement clore cette première partie. Pourquoi ? Parce qu’il est sûrement l’un des artistes au plus gros potentiel et qu’il possède déjà une identité musicale forte, et surtout, sans égal. Issu du gospel, il maîtrise sa voix comme aucun rappeur. Capable de jongler entre aigües et graves avec beaucoup d’aisance, il créé sans cesse de nouveaux flows techniques et mélodieux. Après quelques temps passés au sein du groupe Black Industrie, le Rémois se lance en solo pour créer son propre édifice dont Mitch (sans oublier le bonus) est la première pierre. Malgré ses qualités hors du commun, 6rano demeure peu connu. Pour y remédier, il se rapproche de Paris et notamment de Dj Weedim qui l’a invité sur son dernier album. Et avec le remix de Man’s not hot, le producteur le plus prolifique de France a déjà permis à 6rano d’engranger plus de vues qu’il n’en avait jamais fait en solo.

Est-ce que 2018 sourira au membre du Jheez Crew ? Difficile à dire, même s’il vient de participer à un freestyle du futur et qu’il a annoncé cui-cui-cui-cuisiner un nouveau produit avec OG Maco. Mais s’il persévère, ce n’est qu’une question de temps avant que le cui-cui-cui-cui ne résonne dans tout l’hexagone.