Say Cheeeeeese!

Depuis ma participation à l’édition 2017 de Château perché, véritable voyage dans  un  monde féérique, j’attendais avec impatience que l’équipe de Perchépolis pointe le bout de son nez avec un nouvel évènement. Autant dire qu’à l’annonce d’A Cheeseporn Odyssey, un marathon techno-raclette du 29 décembre midi au lendemain six heures (voire midi pour les participants à l’after),  je n’ai pas hésité longtemps avant de choper ma place.

C’est donc accompagné de quatre potes que j’entame mon trajet en direction de la station du Mont-Dore. Debout depuis 06h30, on termine tant bien que mal notre nuit dans le bus nous menant à Clermont-Ferrand. Là-bas, une navette nous attend et nous conduit directement au lieu de l’évènement. Etant les derniers à monter dedans, mes potes et moi nous dispersons pour nous installer sur les derniers sièges disponibles. Les perchés (surnom des aficionados du crew auvergnat) ont bien suivi le dresscode conseillé : moonboots, combinaisons de ski, bonnets et gants sont de sortie pour braver la tempête de neige annoncée dans le Massif du Sancy. Sur le trajet, je discute avec une habituée du Château perché, une Clermontoise de vingt ans au visage doux et venue seule parce qu’un ami s’est désisté. Elle me confie qu’il n’y a qu’aux sauteries organisées par Perchépolis qu’elle n’a pas peur de venir sans être accompagnée car les perchés sont ouverts, attentionnés et distribuent de l’amour à tout-va.

Sur place, les températures négatives, accentuées par un vent sans pitié, ont sérieusement inquiétées ma nature frileuse. Mais la joie que m’a procurée la vue de la neige pour la première fois de l’hiver m’a permis d’oublier ce détail. Genre dix minutes… Après un petit repérage des lieux, mes potes et moi commandons à manger et allons nous réfugier dans la tente « chill », second floor de la soirée. Burgers raclette, énormes tartines à la tartiflette ou bien au saint-nectaire, bleu et jambon comblent notre estomac et ravissent nos papilles. Il est 13h30 et il y a encore assez peu de monde sur les lieux. Pourtant, la musique résonne dans le hangar à dameuses, et quelques personnes dansent déjà. Au niveau de la décoration et de l’aménagement, Perchépolis a fait un super taff pour nous faire oublier le froid qui règne à l’extérieur : un espace canapé surélevé par une construction en bois se trouve au fond de la salle afin d’avoir une vue d’ensemble, tout en se reposant ; deux bars proposent à boire, du fromage (et même des paillettes !) et enfin la scène principale, à côté de laquelle se trouve une sorte de balcon en bois où l’orga prépare quelques surprises. Le tout est sublimé par un décor immersif, mis en valeur par un astucieux jeu de lumière : des feuilles de bananier surplombent la salle et des méduses flottent devant la scène à côté d’un énorme morceau de fromage.

L’après-midi, malgré les nombreuses activités gratuites proposées (highline, tyrolienne, initiation au secourisme…), nous restons cloîtrés dans la tente « chill » qui est parsemée de canapés, matelas et poufs. Non pas par flemme, mais plutôt par crainte du froid. Motivés par un objectif qui nous tient à cœur, nous sortons tout de même pour aller déguster une bouteille de champagne que nous avions placée dans la neige. Avec les quelques canons qu’on s’est déjà enfilés, le froid paraît de moins en moins insurmontable. Vers 16h30, on dépose quelques affaires au vestiaire et, plein d’entrain, on se dirige vers le hangar qui commence doucement à se remplir. La techno, parfois brute, mélodique ou hypnotique s’empare de notre corps, si bien qu’il est difficile de ne pas danser. Sur le balcon improvisé situé à côté de la scène, des bénévoles accrochent une roue à faire tourner pour gagner du fromage, des shots et même des câlins ! Sans hésiter, mes potes et moi jouons et gagnons un nombre incalculable de shots grâce à la main de Dieu – ou plutôt d’un orga. Après avoir monopolisé la roue pendant au moins une demi-heure et sifflé pas loin d’une bouteille de Jäger, on laisse notre place. Fair-play.

Le temps n’est plus, l’ambiance qui règne ici est plus forte que ça. A tel point qu’on est surpris d’apprendre qu’il n’est que 20h00 alors que notre cerveau pense qu’il est 02h00. Tant mieux, on en profite pour aller faire un tour à la tente « chill » pour reposer nos jambes car la nuit s’annonce longue. Mais le calme qui régnait quelques heures auparavant dans cette tente n’est plus. C’est devenu un dancefloor enflammé à base de disco, funk et house. Les perchés y sont encore plus chauds que dans le hangar, alors on danse ! Après un petit tour aux toilettes, on retourne devant la scène principale sans s’attendre à prendre une claque monumentale devant Savaggio. Composé de deux membres, un derrière la machine, l’autre au violon, le groupe délivre une techno entraînante et mélodique qui transcende littéralement. Il s’agit sûrement du plus beau live techno que j’ai eu la chance de voir jusqu’ici. De 21h00 à minuit, les deux artistes donnent tout ce qu’ils ont et le violoniste – habité, limite en transe –  impressionne par sa performance. Magique.

Dans un hangar bondé, Pierre prend le relais jusqu’à 04h00 et me fait regretter d’avoir laissé mon portable au vestiaire… car j’aurais bien shazam l’ensemble de son set. Malgré des jambes lourdes, et des allers-retours de plus en plus fréquents entre les canapés et la piste de danse, je rassemble mes dernières forces pour honorer la techno brutale de Seroxplexx qui fait trembler le hangar et clôt parfaitement cette aventure fantasstique.

Bien que le retour à Lyon s’annonce pénible, on repart le sourire aux lèvres, persuadés d’avoir vécu une expérience incroyable. Encore une fois, Perchépolis nous a offert beaucoup d’amour, que ce soit à travers la décoration, le line-up, ou les membres de l’équipe et les bénévoles. Ils sont tellement chill qu’un de mes amis s’est retrouvé sur scène durant le live de Savaggio… improbable ! Maintenant que la brèche spatio-temporelle s’est refermée, on n’a plus qu’à prendre notre mal en patience en attendant qu’elle s’ouvre à nouveau, lors de la prochaine édition Château perché !