Gogo Gadgeto – Looking For The Freaks EP
Et là qui va là ? Pas d’inspecteur ici (1312 tout ça tout ça), mais quand même un gars plein de ressources. Si on doute que ce soit sa nièce et son chien qui l’aident à se sortir du pétrin (S/O Sophie et Finot), il n’en reste pas moins sûr que toutes les machines qu’il a chevillées au corps vous feront danser jusqu’à plus soif. Tout ça pour vous dire qu’aujourd’hui on vous parle de Gogo Gadgeto, producteur et disc-jockey basé à Lyon, qui s’apprête à sortir un EP solo chez l’écurie Lumbago, après son fabuleusement planant Jetpack, présent sur le Ninja Tools vol. 6.
Membre actif de l’univers électronique lyonnais depuis une paire d’années, celui qui se nomme Camille Lapierre à la ville a déjà sur son passeport sonique quelques tampons nous montrant qu’il est affilié aux bonnes équipes : un premier EP solo chez BMK (Where’s The Light), une apparition sur la compilation Grenoble 3 de Records or not Records (Trip or Treat), un titre sur le various d’Everybody Trance en début d’année (le bouillant Slow Down!) et une autre balle sur la première sortie du label qu’il cofonde avec Lazer Man, Spooky Wooky (le flippant Ancient Evil). Quelque soit le style particulier des morceaux en question, on retrouve toujours dans les productions de Gogo Gadgeto ce côté hautement visuel, quasi scénarisé. Qu’ils semblent issus de BO de films d’épouvante ou de jeux vidéos, ces morceaux nous font voyager dans un univers tirés des années 80/90, décalé, parfois sombre, parfois loufoque, dans une sorte de futurisme à l’ancienne.
Mais revenons à ce qui nous occupe aujourd’hui, l’EP Looking for the Freaks qui arrive d’ici quelques jours (et qu’on a eu la chance d’écouter en entier). C’est bien simple, GG a poussé les curseurs au max et assumé à 300% ses envies. Et ça commence bien entendu avec le Gadgeto Theme, relecture tripée du légendaire générique du dessin animé. L’exercice était périlleux et la plantade aisée, mais Gogo Gadgeto a parfaitement su acidifier le groove détraqué de l’original pour en faire un banger funky et décalé.
Le second morceau de la face A, Electric Spliff, ramène dans la trance cette énergie de rock digital propre aux jeux vidéos du début des 90s (est-ce qu’on se lancerait pas un petit DOOM des familles?). On s’imagine déambuler entre les couloirs sombres d’un complexe militaro-industriel abandonné ou sillonner les cieux embrumés à bord d’un vaisseau spatial. Le tout avec d’énormes pixels bien sûr.
Retournons désormais la galette pour débarquer sur Spooky Adventure, une course électronique effrénée à 100 à l’heure où l’on croiserait toutes sortes de créatures étranges, amicales mais un peu trop gluantes pour qu’on s’y attache. La bande originale parfaite de l’épisode d’Halloween des Contes de la Crypte, sans doute saupoudrée d’un peu de poudre de perlimpinpin.
Mais mes amis, si nous avons parcouru ce long voyage, c’est pour arriver au sommet du disque, cet Anapurna de groove zarbi, cet Everest de spooky funk qu’est Weird Science.
Dès les premières secondes du morceau, j’ai immédiatement eu en tête la scène de Batman où Nicholson/Joker arrive en trombes dans le Gotham Museum pour tout foutre en l’air et rencontrer Basinger/Vicki Vale. Une scène mémorable sur le non moins légendaire Partyman de Prince. Cette basse rebondissante, ces éclairs de guitare électrique, ces drums lourds à souhait, autant d’éléments communs aux deux morceaux qui en font de parfaits tubes. Gogo Gadgeto montre ici toute l’étendue de son talent de compositeur en rajoutant à cette base plein d’éléments musicaux, tant organiques que synthétiques, et moult détails et effets sonores. Et puis, bien sûr, en y mettant des vocaux bien fichus, sans trop en faire, avec juste ce qu’il faut de fantaisie pour ne pas dénaturer le track.
Alors ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit : non, Gogo Gadgeto n’est pas le Prince lyonnais. Mais il nous sert en tous cas un sacré coup d’éclat avec ce Looking for the freaks et avec ce Weird Science en particulier. De quoi annoncer un futur prometteur pour Gogo Gadgeto et une réussite de plus pour l’écurie Lumbago.
Pour précommander le skeud, ça se passe sur le bandcamp de Lumbago. Et si vous souhaitez aller le chercher vous-mêmes sur Lyon, rendez-vous incessamment sous peu dans vos crèmeries électro habituelles (Legram VG, Unité Centrale, Onigiri, etc…).