Eloquence – Comme Son Nom L’Indique
Eloquence est apparu sur nos radars via ses multiples connexions avec Joe Lucazz, le point d’orgue de leur collaboration étant l’album commun « L’Enfer ou l’Eau Chaude » sorti en 2018. Sa performance sur ce disque nous a particulièrement plu, éclipsant parfois même le J.O.E., chose peu aisée. A la suite de cette découverte, on a pris sa discographie à rebours en commençant par se prendre « Trill Makossa » en pleine face.
Sorti en 2016, cet album est une vraie pépite. Eloquence y dévoile sa science de l’écriture, directe, imagée, réelle, mais aussi un véritable talent pour des refrains. Loin des boursoufflures auto-tunés d’un rap mainstream qui finit parfois par casser les tympans, la voie grave d’Eloquence transpire la soul et l’authenticité. On a clairement joué en boucle ce disque et notamment des titres comme « T1000 » (ce refrain mon Dieu) ou « Nana » (avec un Matt Houston incroyable).
« J’ai jamais écrit mes textes car mes textes sont mes stigmates »
Mais revenons-en à ce qui doit nous occuper aujourd’hui : l’album « Fuoriclasse » sorti il y a un gros mois. Celui qui était un rookie en 2000 aux côtés de Disiz (avec un gimmick ‘Méchant Méchant’ bien avant l’autre) a maintenant tout d’un OG qui fait montre de son talent avec la même aisance déconcertante qu’un Ribéry à la Fiorentina. Sûrement un des avantages de ne plus attendre grand chose de ce rap jeu, les quarantenaires se dévoilent et suivent leur voie sans se poser de questions, laissant parler tripes et matière grise.
« Fuoriclasse » est court et direct, à l’image des phases du rappeur. Souvent ornées de guitares pleines d’écho servies sur des rythmiques lentes, les instrus sont avant tout au service de la voix et de la plume d’Elo. Tel un écrin de velours qui mettrait en valeur des gemmes, elles présentent aux mieux ses images (‘Mon rap pue le vécu comme des cernes sous les yeux‘) et ses références (‘Mes dents rayent le parquet comme Recoba‘) qui nous heurtent de plein fouet.
« Roi de l’underground comme dessous de tables (REP Pimp C) »
Le disque est homogène donc difficile d’en extraire des morceaux en particulier. Mais pour nous, le sommet arrive sur « Maradonna 86 » : florilège de punchlines, réalités scandées avec nonchalance, la performance pourrait tout aussi bien être comparée à celle d’un Zidane contre le Brésil en 2006. Avec un Zek en Vieira à ses côtés, sûr, puissant et enchaînant les fulgurances (‘J’essaye de me convaincre que je suis beau de l’intérieur comme petites coupures dans sac Lidl‘).
Eloquence le sait bien lui-même : à 20 piges, il n’aurait probablement pas écouté un triple OG raconter la vie mieux que personne. Il fait partie de ce rap d’adultes sur lequel on rêve de faire un papier (avec des Sameer Ahmad, des Joe Lucazz, des Black P & Fresh One, des Aketo et bien d’autres). Pourtant, au vu de son charisme et de sa facilité, nombreux sont ceux qui devraient tenter d’apprendre auprès du fuoriclasse pour élever leur niveau.
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