Rencontre avec :
David Bolito

Ancien DA dans la pub et passionné aux centres d’intérêt variés, David Bolito est un homme entier, sensible, qui approche la cinquantaine. C’est avec une énergie folle que le créatif consomme sa ville et les événements culturels qu’elle lui offre. Parfait ambassadeur de Lyon, il est à la recherche permanente de lieux improbables et personnalités impertinentes, même s’il avoue ne pas avoir le temps de faire le quart de ce que la ville de Lyon lui propose. Cette interview a pour but de découvrir cette bouille discrète et douce mais aussi incontournable de Lyon. Connu pour ses warm-up déjantés aux soirées Garçon Sauvage organisées au Sucre, David Bolito fait aussi figure de proue dans son concept store Blitz. Délicatement, nous avons pénétré son univers gay coloré et BarréGénéreusementCultivé.

 

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Es-tu un David Bolito des villes, ou un David Bolito des champs ?
Quand j’étais petit, j’ai développé une fascination pour la ville à travers ce que je voyais au cinéma ou à la télé, comme avec la faune que l’on voyait dans l’émission de Thierry Ardisson, Lunettes noires pour nuits blanches, car j’ai grandi, avec enthousiasme, à la campagne, a 12km de Vienne. Pour mes vacances, je choisissais Saint-Tropez et son coté show off. Aujourd’hui, j’ai besoin de nature. Avec le temps, je deviens même un hippie. En fait, j’ai besoin des deux, mais la ville reste mon terrain de jeu favori.

 

 

Quand la nuit tombe, tu sors ou tu ne sors pas ?
Choix cornélien tous les week-ends ; sortir ou ne pas sortir !En fait, j’adore ça mais plus je vieillis, plus j’hésite.  ! Rien ne peut remplacer la nuit et ce qu’elle apporte. J’ai rencontré beaucoup de gens la nuit. Son coté superficiel ? je ne l’ai jamais vraiment vécu…  J’ai d’ailleurs connu mon copain dans le plus glauque after de Lyon, là où aucune belle histoire n’est censée naître, et pourtant …

Une parole de noctambule quant à Lyon ?e trouve que le Sucre est un lieu vraiment beau qui a redéfinit la notion de club.
La vie nocturne est riche à Lyon. Le Sucre par exemple est un endroit qui a su redéfinir la notion de club. La direction artistique est folle, ce week-end se produit Mykki Blanco ! Je fais aussi pleins de fêtes à l’appart et à la boutique lors des vernissages de la galerie d’art. J’aime le Terminal pour son véritable esprit, la Taverne Gutenberg pour ses fêtes arty. Je sors souvent au Lavoir Public, où, un samedi soir, à 23h, grâce à l’ambiance, il y a déjà une ambiance de 4 du mat. J’aime les vernissages du jeudi, les brunchs du dimanche …

Qu’est-ce que l’on fait ce week-end ?
Un vendredi idéal serait un dîner avec mon copain aux Demoiselles de Rochefort, un resto culte, où l’on peut se prosterner devant un mégot de Catherine Deneuve en écoutant du Michel Legrand en boucle. Samedi, comme je bosse à la boutique, je ferais un apéro sur le banc de Blitz avant de filer au Lavoir Public. J’essaierais de ne pas rentrer tard pour profiter le dimanche d’une visite au MAC ou d’un brunch à Away, nouvelle auberge de jeunesse ambitieuse en bas des pentes. En général, le dimanche, j’en profite pour découvrir des choses que je n’ai pas le temps de faire la semaine.

Lyon dans les yeux d’un Bolito, ça ressemble à quoi

Lyon a été élue meilleure ville où passer le week-end en Europe, ces to classements ont des limites mais c’est tout de même révélateur que quelque chise se passe ici. Lyon est doté d’un bel esprit, gay friendly même. Je me balade bras dessus bras, dessous ici, je n’ai pas eu de problème d’homophobie depuis 20 ans. J’ai exposé de la pornographie gay dans ma boutique et il n’y a pas eu le scandale que je craignais Souvent. J’ai l’impression d’être dans la ville la plus cool du monde.

Lyon bouge, évolue, il y a des ouvertures de bars, de restos, un disquaire électro Chez Emile, vient de s’installer dans le quartier. Je suis ravi de l’arrivée du Razzle, je sens que ça va être un bel endroit. Il y a un véritable renouveau, je suis fier des gens qui montent des projets et confiant quant à notre jeunesse et à l’avenir de le ville.

Lyon est doté d’un bel esprit, gay friendly même. Je me balade bras dessus, bras dessous ici, je n’ai jamais eu de problème d’homophobie, depuis 20 ans. J’ai exposé du porno dans ma boutique et il n’y a jamais eu le scandale que je craignais souvent. J’ai l’impression d’être dans la ville la plus cool du monde.

 

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Le dernier sujet de société qui t’a molesté ?
J’ai pris parti dans ce malheureux débat sur le burkini. Je prône un évident respect de la différence. Chacun doit pouvoir s’habiller comme il veut et ce n’est pas à l’État d’en juger. Parfois, les gens peuvent penser que je suis trop positif, mais plutôt que dénoncer ou crier au loup sur Facebook, je préfère annoncer les choses pour y remédier.

Tu as quitté un super taf pour ouvrir Blitz … 

J’avais un vraiment chouette taf de DA chez Publicis et chez Hautefeuille, c’est vrai. Je partais à Londres pour des prises de vue, au Chili pour tourner un film ..Mais nous étions contraints de rendre les maquettes dans le rush, attendre le retour des boss, des clients…

J’ai voulu ouvrir quelque chose où je serais le seul maître à bord. J’ai trouvé cet ancien vidéo club, que j’ai transformé en concept store, en gardant la culture cinématographique avec la Bizarre Room à l’étage  je vends de vraies photos originales de l’époque. La galerie d’art au sous-sol, c’était mon rêve. Blitz, c’est des objets utiles avec un twist artistique. Le nom Blitz, c ‘est la traduction d’éclair en allemand, mais c’est aussi une onomatopée façon pop boum crash wizz. Blitz, c’est devenu un adjectif que j’utilise souvent et qui veut dire tout ça.

Blitz c’est aussi une onomatopée façon pop boum crash wizz. C‘est même devenu un adjectif que j’utilise souvent, qui veut dire tout ça.

Tu fais partie de Garçon Sauvage, soirées qui sont « sold out » en 30 minutes... Comment tu expliques un tel succès ?
À peu près tous les 2 mois, l’association Plus Belle la Nuit, créée par Chantal la Nuit, organise Garçon Sauvage dans l’antre de l’électro, le Sucre. Le club se transforme en un espace de liberté où l’on peut exprimer ses désirs les plus profonds, comme dans ses fantasmes. La personne qui aimerait s’habiller en secrétaire lubrique peut le faire. À l’inverse, tu peux venir comme tu es. L’important, c’est que les gens soient bien dans leur corps. Il y a des looks incroyables. Les tenues vont du mini slip bob l’éponge au look chien à quatre pattes. Ce n’est pas une soirée déguisée, c’est une révélation de soi-même. Avant la soirée, le magasin Stock 28 qui vend des talons pour homme, se fait dévaliser.

 

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Le club se transforme en un espace de liberté où l’on peut exprimer ses désirs les plus profonds, comme dans ses fantasmes. Ce n’est pas une soirée déguisée, c’est une révélation de soi-même.

Le mot sexualité prend plusieurs formes à Garçon Sauvage. Proche du mouvement Queer, l’univers esthétique et musical est riche, nuancé et engagé. La mot virilité n’est plus réservée qu’aux hommes et vice-versa. Dans le public, on trouve des folles, des matchos gay, des mecs dénudés, des Jim-Quinn (les gays de salle de sport), des drag-queens, des filles qui s’embrassent, des hétéros … .
L’entrée s’achète sur le net uniquement. Toutes les personnes qui ont une place peuvent rentrer. Il n’y a pas de sélection au faciès. Les gens ne sont pas là par hasard. Le public sait ce qu’il va trouver. On est loin du stéréotypes des soirées gays. Le secret, le c’est mélange.

Quel Garçon Sauvage es-tu ?
Je suis celui qui s’occupe des warm-up. C’est un moment crucial de la soirée, celui où tout le monde doit monter dans le même train. D’un remix de Whitney Houston au dernier de Rihanna, à de la musique plus mainstream, en passant par la disco turque ou de la pop synthétique française à la Elli et Jacno.  Je ne m’attache pas à un genre ou style en particulier.Il n’y a pas de cynisme dans ma sélection. Les morceaux que je passe, je les aime vraiment. Il n’y pas de sinistre dans ma sélection. Les morceaux que je choisis sont des sons de qualité, en tout cas que je juge créatifs qui méritent d’être connus. J’aime passer des sons borderline, à la limite du mauvais goût.

Le warm-up c’est un moment crucial de la soirée, celui où tout le monde doit monter dans le même train.

« Hey Mr. D.J, You can get this started, Everybody’s ready to party, All the girls are ready, So we can party ‘till the break of dawn …. » (Mister DJ, Morceau de Rihanna)
Je ne suis pas en quête d’un dj set parfait. Je collectionne les vinyles, mais je mixe tout simplement avec un iPad. J’ai toujours passé de la musique dans ma vie. Ma première date, c’était il y a 20 ans. Mais je ne suis pas un puriste. J’ai du respect pour le dj, mais moi, je n’en suis pas un. Je me dédouane d’être un vrai dj, je suis juste un passionné.

Le morceau de David pour ravager un dancefloor :  Urfali Babi – Disko Kebap (Boris K edit)

Le son qui fait fureur dans ses warm up: Munich Machin – Get On The Funk Train

C.F