Rencontre avec :
Erotic Market

C’est l’histoire d’une rencontre faite au hasard que l’on a voulu faire fructifier. Un soir de décembre où je devais aller me faire tatouer par Carlo Amen, artiste ambulant basé à Bruxelles, je me retrouve à aller chez une certaine Marine. Accessoirement chanteuse d’Erotic Market. Quelques moi plus tard, Jarring Effects nous contacte pour poser les (belles) affiches de la release party que vous avez du voir fleurir dans tout Lyon. Du coup, on profite de l’occasion et on est parti boire un café avec eux, histoire de tailler une bavette sur toutes les choses excitantes qui arrivent au duo ces temps-ci.

Paperboys : Le clip du titre ‘Erotic Market’ a fait pas mal parler de lui, avec plusieurs versions. Je le vois un peu comme une carte de visite, notamment quand on le compare au clip de ‘Rumblin’, qui était moins ‘engagé’. Comment avez-vous bossé sur la conception et avec quelle équipe ?

Lucas : Le côté érotique apparaissait moins dans ‘Rumblin’, mais pour moi il est tout aussi engagé, voire même plus que le clip d’Erotic Market.

Marine : Sur ‘Erotic Market’, on a bossé avec notre manager, qui est arrivé à ce moment-là. C’est lui qui nous a proposé cette idée de moi chantant devant plusieurs scènes qui avaient toutes un rapport avec le corps, puisque c’est le thème de la chanson. Plus globalement, le groupe est vachement là-dessus donc il fallait l’affirmer. Après dans l’équipe, il y avait Hugo de Shoot !t, qui habite juste à côté de chez moi. C’est chez lui que la scène érotique a été tournée d’ailleurs. C’est en en parlant avec lui ensuite qu’on a trouvé les différentes scènes. Il manque une scène dans le clip. On voulait en rajouter une avec une équipe de Roller Derby.

Paperboys : Avec les Grrriotes Girls ?

Lucas : Oui, c’est ça.

Marine : Elles ont dit non parce qu’elles avaient peur que ça ne colle pas à l’image qu’elles veulent véhiculer. C’est dommage. Je pense qu’elles ont un féminisme qui n’est pas le mien.

Lucas : Je pense aussi qu’elles craignaient qu’on détourne leur image. Ce n’était pas la volonté mais elles n’étaient pas suffisamment en confiance.

Paperboys : C’est peut-être aussi moins leur univers musical ?

Lucas : Je sais pas si c’est une histoire de musique. Je pense qu’elles ne voulaient pas se faire récupérées. C’était facile d’en faire une série de bonasses qui font du roller et elles ne veulent pas tomber là-dedans. Comme en plus ça a l’air d’être assez démocratique, tout le monde a la parole, ça a pris beaucoup de temps. A un moment, elles ont du se dire que c’était compliqué pour pas grand-chose donc voilà.

Marine : Finalement, on a tourné d’abord avec les athlètes de rue et ensuite avec les krumpers.

Paperboys : Ah oui, je me demandais si c’était des mecs du même groupe, mais je me suis dit qu’ils dansaient bien pour des athlètes de rue !

Marine : Mais les krumpers pourraient être athlètes de rue ! (rires) Hugo les a contacté, c’est la troupe Da Tribe. Sinon, la fille qui joue dans la scène de sexe est une amie à moi, Poussy Draama, qui est performeuse d’art contemporain. Le mec qui joue avec elle est un acteur. Traditionnel, pas porno hein. Tout le monde a bien joué le jeu, c’était cool.

 

 

Paperboys : On n’a pas eu le temps de voir la première version mais vous aviez directement prévu d’en faire deux ?

Marine : Pas vraiment.

Lucas : T’as pas raté grand-chose en fait. C’est juste une scène de levrette où on en voyait un peu plus mais ce n’était vraiment pas grand-chose. C’est un seul plan.

Marine : C’était pas calculé en fait. Plein de gens m’ont dit « Mais arrêtes, c’était calculé ». Honnêtement non. On savait que ça pouvait choquer, bien-sûr, mais de là à ce qu’il y ait une censure… Au final, ça a fait parlé deux fois plus… C’est pas très grave.

Paperboys : Tout le côté visuel du groupe est vachement travaillé, que ce soit sur vos affiches ou la pochette de l’EP. Vous vous impliquez beaucoup dans la création ?

Lucas : Pour l’EP, ce sont deux amis de Marine qui ont réalisé l’univers graphique, France Corbel et Siegfried Marque. Elle est photographe et lui est graphiste et photographe également. On avait déjà cogité le truc avant. En fait, c’est le même photographe qui avait bossé sur le clip de ‘Rumblin’. On est reparti un peu sur cette base-là et on a fait une série de photos en cherchant quelque chose d’assez moderne, mais en ayant aussi des éléments d’une nature assez brute. Il a pris une série de photos et France les a retraitées. Elle a aussi fait le logo et la typographie qu’il y a sur l’EP. Après oui, l’aspect visuel c’est quelque chose auquel on fait attention depuis le départ.

Paperboys : Est-ce que les visuels que l’on retrouve sur l’affiche de votre release party sont liés à l’album ?

Lucas : Non, rien à voir.

Marine : Non l’affiche, c’est très indépendant, juste pour la soirée. C’est La Direction, une agence indé qui réunit Elsa Audouin et Aurélien Arnaud qui l’a réalisée. Là par contre, on n’est pas trop intervenu.

Lucas : Non, mais c’est vrai qu’elle est particulièrement réussie.

Paperboys : Pour cette release party justement, vous investissez le Sucre avec Everydayz (qui finalement sera basent pour raisons de santé, ndlr) et le Vasco. Comment les avez-vous rencontrés ?

Marine : Everydayz, c’est un artiste qui a fait un remix sur l’album qui va sortir. On l’a contacté car on aimait bien son travail. Et du coup, il semblait naturel de l’inviter pour la release party. On ne le connaît pas encore personnellement parce que tout ça s’est fait à distance.

Lucas : Et le Vasco, c’est notre tourneur qui l’avait vu aux Transmusicales et qui avait bien accroché. Il nous a dit « C’est un des rares groupes que je connaisse qui ait ce truc un peu insaisissable que vous avez aussi, ça serait intéressant de collaborer avec eux. » Du coup ça s’est concrétisé et il se trouve qu’on a joué avec eux il y a deux semaines à Montreuil, à la Pêche. C’est un chouette projet.

Marine : Ils sont bien hybrides comme nous, c’est ça qui est cool.

Lucas : On ne fait pas le truc de la même façon mais c’est vrai qu’il y a pas mal de points communs dans les groupes, d’où ils viennent, etc… Mais c’est un hasard, honnêtement.

Paperboys : Si on parle du disque à venir, dans quelles conditions vous l’avez enregistré ?

Lucas : En fait, quand on compose, on enregistre tout en même temps. On travaille vraiment comme un groupe de musique électronique. D’ailleurs l’album est très électronique. On compose en même temps, avec les mains dans la matière. On a simplement réenregistré les voix, on a peaufiné deux/trois trucs par rapport aux versions de base qui pouvaient être améliorées. Tout a été fait par mes soins, pas très loin, avec mon matériel.

Marine : On n’a pas loué de studio d’enregistrement.

Lucas : On est très autonome. Après ça j’ai pas mal avancé les choses en termes de réalisation et je l’ai envoyé pour finaliser le mix à Chris Moore, un mec qui bosse avec TV On The Radio. C’est une amie à lui, de NYC également, qui a fait le master. C’est un heureux hasard quoi ! J’ai regardé un peu ce qu’elle faisait et je me suis dit « pourquoi pas, ça pourrait coller à notre style ». Il se trouve que ça a été assez simple de bosser avec lui. Le courant est vite passé entre ce que je lui ai envoyé, qui devait être déjà assez orienté, et l’interprétation qu’il en a fait. C’était fidèle à ce qu’on avait en tête.

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Paperboys : Je trouve qu’on sent pas mal les deux principales influences dans votre son : les rythmiques saccadées et les basses saturées qui viennent plutôt du rock, et le chant qui est plus clair et plus swing. Est-ce que ce sont des choses qui ressortent dans vos processus de création ?

Lucas : Je pense que ça ressort de façon assez naturelle. On n’est pas toujours à se dire ‘Faudrait faire ça comme ci’…

Marine : C’est pas un cahier des charges qu’on veut respecter.

Lucas : Du coup les choses se font assez naturellement. A force de brasser des trucs dans tous les sens, ça finit comme ça. A force de compulser des sources différentes, de remises en question…

Paperboys : Marine, tu participes aussi au processus de composition ?

Marine : Oui, c’est 50/50. Dans la majorité des cas, je fais les esquisses chez moi avec des bouts de ficelle. En général, il y a un couplet, un refrain, une basse et un tom basse. Ensuite, on arrange avec Lucas, on étire tout ça. Il y a deux phases. Lucas fouille plus le son. Il y a tout un moment de l’arrangement, vers la finalisation, où je ne suis pas trop là.

Paperboys : Il y a des instruments live dans l’album ou ce n’est que de l’électronique ?

Lucas : Il y en a dans le sens ou il y a des sonorités ‘live’, mais le son est très électronique. On reste malgré tout dans quelque chose d’organique je pense, dans des sons assez chauds, où les choses ont un rapport avec l’instrument live même si c’est pas forcément joué ‘live’. On n’a pas cette contrainte. C’est un mélange de sonorités purement électroniques, virtuelles, impalpables, et de trucs qui existent bel et bien. Ou qui n’existent pas mais dont on essaye de convaincre de leur existence.

Paperboys : Il y aura des titres de l’EP sur le disque?

Lucas : Non, il n’y en a pas. Que des inédits. Quatre morceaux qu’on jouait déjà en live, six nouveaux, trois interludes et un remix !

Paperboys : En concert, vous avez des gens avec vous ?

Marine : On est quatre. On a un bassiste/percussionniste, un batteur, et tout le monde fait les choeurs. On ne peut pas jouer tout ça que tous les deux, à moins de prendre l’option d’un ordi et d’une voix. Mais ce n’est pas trop notre délire. On vient vraiment de la musique jouée, du coup ça ne nous disait rien. Ça aurait été plus facile mais moins palpitant.

Lucas : Sur l’EP il y avait des modes de jeu plus live. Sur l’album c’est peut-être un peu moins vrai, sur certains titres en tous cas. Mais clairement, jouer l’EP en machine-voix, ça n’aurait pas eu beaucoup de sens. C’est une question de background : comme le dit Marine, on vient de la musique jouée, et même si notre musique est faite sur un ordi, ce n’est pas de la musique électronique à proprement parler. Ça tombait sous le sens qu’on joue le truc en live.

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Paperboys : Vous parliez de remix tout à l’heure, est-ce qu’il y a d’autres collaborations sur l’album ?

Marine : Non, juste le remix d’Everydayz. On avait envie de plus mais on n’a pas vraiment eu le temps de chercher. Et puis on n’a pas la force de frappe d’un groupe qui existe depuis dix ans. A terme, j’aimerais bien qu’il y ait plus de collaborations, avec des rappeurs…

Lucas : C’est une histoire de budget aussi. A un moment donné, il faut aussi aligner les ronds. Concrètement, Guillaume a beaucoup cherché, il a envoyé beaucoup de choses sans que grand-chose revienne. Si on avait annoncé « on a mille euros pour toi », on aurait eu plus de retours.

Paperboys : J’imaginais peut-être des collaborations plus proches, avec des gens d’ici. Mais ce n’était peut-être pas votre désir non plus.

Lucas : Oui, l’idée du premier album, c’est quand même d’affirmer quelque chose en tant que groupe, sans trop se disperser. Une collaboration par-ci par-là pourquoi pas mais l’idée n’est pas de partir dans tous les sens.

Marine : On a des envies mais est-ce que ça fait avancer le schmilblick de toujours faire des featurings avec les mêmes personnes, surtout si c’est tes potes ? Pas sûr. Surtout qu’on essaye à fond de s’ouvrir à l’international donc ça avait peut-être encore moins de sens.

Lucas : En hip-hop ça se fait pas mal, en musique électronique peut-être aussi, je ne sais pas… On ne soumet pas notre musique à beaucoup de gens autour de nous, on ne demande pas grand-chose à grand monde en fait, pour travailler dessus ou autre…

Paperboys : Je pense que si je devais définir votre musique, finalement je retomberai sur le terme pop.

Marine : Oui oui, il y a vraiment un format pop.

Paperboys : Sans aucun côté péjoratif. C’est très ouvert et on pourrait imaginer aussi bien un couplet de rappeur que quelque chose de complètement différent.

Lucas : Je pense que c’est possible d’imaginer un truc plus cross-over, où tu réunis des entités et des identités contradictoires, et tout fonctionne pour autant. Après, on n’en est pas encore là, il faut commencer par le début.

Paperboys : L’album va s’appeler ‘Blahblahrians’. J’imagine que ça a une signification particulière et qu’il y a une idée derrière. Pourquoi ce titre ?

Lucas : Oui, on a une idée. Mais toi ?

Paperboys : Mon interprétation, c’est l’idée des barbares qui l’ouvrent beaucoup trop.

Marine : C’est ça. Le mélange des deux. Ça apparaît dans une chanson, qui s’appelle ‘Blah blah’ qui sera sur l’album et qu’on joue déjà en live. Effectivement, il s’agit à moitié de dresser une critique, et à moitié de dire qu’on est dans ce truc de toutes façons, qu’on est tous un peu à l’ouvrir tout le temps. On est dans une société où on est des sacrés barbares avec la paroles. Mais moi-même sur le disque, je me considère comme une blahblahrian parce que j’utilise beaucoup de mots.

Lucas : On brasse beaucoup d’air pour pas forcément grand-chose. Après, plutôt que de le dénoncer, on s’en amuse. T’es autant victime qu’acteur du truc finalement. C’est un sport mondial !

Paperboys : Surtout sur internet, c’est assez génial. C’est bien de voir ça comme un sport d’ailleurs. Mais les mots perdent un peu de leur sens aussi non ?

Marine : Oui carrément. Obligatoirement. Mais bon… C’est comme ça. C’est aussi ça le constat : on ne peut exactement être tout le temps à contre-courant. Tout le monde parle beaucoup, on ne va pas lutter contre ce mouvement. C’est comme la mode. C’est telle ou telle chose en ce moment, parfait, je prends quelques trucs dedans. Et l’ère du temps, c’est de beaucoup parler. Pourquoi pas ?

Paperboys : Je trouve ça très accrocheur comme titre. Ça fait réfléchir juste ce qu’il faut.

Marine : Et puis la pochette est vraiment bien !

Paperboys : Vous avez bossé avec les mêmes personnes que pour l’EP ?

Marine : Non. Le visuel original est une peinture de Nicola Verlato, un artiste italo-américain, et ce sont les gens qui ont fait l’affiche de la release party qui ont fait le digipack.

Paperboys : A ce propos, l’album sort sur quels supports ?

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Lucas : Pour l’instant en CD et numérique je pense. Le vinyle, ce n’est pas d’actualité.

Marine : Peut-être plus tard.

Lucas : Notre label, Jarring Effects, y est attaché mais je crois qu’ils voulaient profiter d’un événement futur pour faire une série limitée. Pour les amateurs, il faudra ouvrir l’œil.

Paperboys : Vous nous disiez tout à l’heure que vous venez de la musique jouée. Il me semble que vous faîtes partie, ou du moins êtes affiliés, au Grolektif qui fête ses 10 ans. Vous pouvez nous dire un peu en quoi ça consiste et comment vous avez été amenés à y participer ?

Marine : Tout naturellement : des gens qui étaient au Conservatoire et à l’ENM, les deux écoles de jazz de Lyon, se réunissent pour jouer le plus possible. C’est un univers qui vient du jazz mais qui a envie de tendre vers les musiques improvisées, les musiques actuelles. On est de la même génération, on avait besoin de jouer, d’expérimenter beaucoup de choses. Le Grolektif c’est un laboratoire, ça nous a tous permis de tester plein de choses et de savoir où on voulait aller musicalement.

Paperboys : Vous venez de ces écoles aussi, vous avez une formation musicale ?

Marine : J’ai fait un bref passage au Conservatoire mais je ne me sens pas vraiment formée par l’école. Mais ce passage m’a permis de rencontré des gens super. C’est surtout ça.

Lucas : C’est avec ces gens-là que s’est fondé le Grolektif. Il y a de l’activité. T’es musicien, tu veux jouer, tu veux être actif.

Paperboys : On a parlé des remixes, c’est quelque chose qui vous suit un peu depuis le début avec des remixes sur le premier EP et aussi le remix de Spitzer. La bonne nouvelle, c’est la date que vous faîtes avec eux aux Nuits de Fourvière, à l’Odéon. Une soirée Jarring Effects donc, avec Cape Town Effects d’un côté et votre collaboration de l’autre. Vous pouvez nous parler un peu de ce projet ?

Lucas : C’est encore en cours d’élaboration mais le projet est d’arriver à fusionner nos univers.

Marine : Pas de créer un nouveau groupe mais de fusionner sur 5 morceaux à eux, 5 morceaux à nous.

Paperboys : Vous allez prendre des bases de morceaux existants et essayer de les refaçonner ?

Lucas : On n’est pas très loin de l’idée de remix quelque part.

Marine : C’est un peu comme si on faisait des covers de leurs titres et eux nous remixaient. On est très complémentaires avec Spitzer. On a ce côté joué que eux n’ont pas et ils ont la force de la musique électronique.

Paperboys : Et ils ont aussi ce background rock qui doit faciliter les choses ?

Lucas : Le fait qu’ils viennent de cet univers fait que la collaboration est possible. On peut parler la même langue.

 


Paperboys : Et du coup, comment s’est fait le contact pour le remix ?

Marine : En fait, Damien est le copain d’une très vieille amie à moi. On a fait des repas ensemble. Un jour elle dit à Damien, après avoir écouté ‘Clunker’, tu vois ce titre avec le chanteur de Frustration, ‘Prends Marine la prochaine fois, avec sa voie aiguë et votre son bien crade ça défoncerait !’. A force de se faire tanner, il a du se dire ‘on va essayer’. Nous en parallèle, on sortait notre EP et on avait besoin de remixes, c’était un bon échange. On fait un feat, tu fais un remix, on ne parle pas d’argent, ça se fait très naturellement. Du coup, il y a un feat sur leur prochain disque. Mais je ne sais pas quand est-ce qu’il sort…

Paperboys : Ha il y en a un deuxième en préparation ?

Lucas : Oui, ils bossent dessus.

Marine : Prévu vers l’automne je crois. Pour le coup, eux ce sont des amis.

Paperboys : Ce que j’aime beaucoup avec vos remixes, c’est qu’on change vraiment d’univers.

Marine : Celui-ci est vraiment très très réussi je trouve. J’ai réécouté celui de Bongo 808 hier et il est très bon aussi.

Paperboys : Vous êtes donc signés chez Jarring. J’avais lu dans une de vos interviews que c’était pour vous un vrai soutien, pas simplement un moyen de sortir des disques mais plus une approche de long terme.

Lucas : Il s’occupent du booking, on est sur le label, notre manager bosse là-bas.

Marine : On va être en édition chez eux aussi.

Lucas : Ils font quasi 360° pour nous. Clairement, ils bossent beaucoup sur le projet, ils sont avec nous, c’est une force d’être en haut de leur liste de préoccupations.

Marine : Ils sont toujours très actifs, ils mettent beaucoup d’énergie sur la sortie de notre album. Ils sont super.

Paperboys : J’avais lu qu’ils avaient eu des moments de galère il y a quelques années.

Lucas : En fait, on ne connait pas du tout l’histoire du label car on ne vient pas de cet univers là. A 17 ans, j’ai du voir passer High Tone ou Kaly Live Dub mais voilà, je n’écoutais pas plus que ça leurs sorties. Mais je savais que ça existait par contre, c’est incontournable à Lyon. Le fait de se retrouver là-bas, au début ça me faisait un peu rigoler parce que c’était assez inattendu. Du coup, on n’est pas trop au courant des galères passées. Quand ils nous ont approchés, l’idée c’était au contraire de renouveler leur image et de repartir avec un nouveau souffle. A la fois maintenir ce qu’ils faisaient déjà mais aussi développer d’autres choses dont on faisait partie.

Marine : Ils ont pris Pethrol sur le net label, Schlaasss en tour, ils s’ouvrent vachement.

Paperboys : Sans parler des influences, parce que c’est souvent un peu chiant, est-ce qu’il y a des disques qui vont ont mis des claques dernièrement, des gros coups de cœur ?

Marine : Pour moi c’est Frank Ocean, ‘Channel Orange’. C’est le dernier truc qui m’a vraiment scotchée.

Lucas : Pour moi, il y a deux trucs. La mixtape de Supreme Cuts et Haleek Maul, qui date de l’année dernière et qui s’appelle ‘Chrome Lips’. C’est gratuit à télécharger, c’est magnifique. Et le deuxième truc c’est l’album ‘Doris’ de Earl Sweatshirt. C’est les deux trucs que j’écoute le plus en ce moment.

Paperboys : J’ai vu que vous tourniez avec BRNS en Angleterre. Vous pouvez nous les présenter ?

Lucas : Ce sont des Belges qui sont un peu connus en France, pas vraiment en Angleterre. Il se trouve qu’on était programmé à The Great Escape, le festival de Brighton et on voulait en profiter pour faire une dizaine de jours de tournée là-bas. Du coup nos tourneurs ont accroché avec eux…

Marine : Via le Bureau Export.

Lucas : C’est ça. On s’est greffé sur leur tournée pour cinq dates. On va partager la route avec eux pendant quelques jours.

Paperboys : C’est quel style ?

Marine : C’est de la pop. Je trouve que c’est un peu dans la lignée de Alt+J.

Lucas : C’est un peu plus nerveux qu’Alt+J quand même, non ?

Marine : Je ne trouve pas. C’est une question de ressenti après.

Paperboys : Et vous enchaînez directement avec une tournée en France après ?

Lucas : C’est plus dispersé pour la France. Je pense qu’il y a vraiment une attente sur l’album. Du coup, il faut le temps que ça revienne. Voir comment les programmateurs et surtout le public vont prendre l’album. Suivant l’accueil, ça va revenir de plein de façons différentes. De toutes façons, avec un disque qui sort fin avril, c’est difficile de se projeter dans des dates pour l’été à moins d’avoir une certaine renommée, que les gens te programment pour voir l’album en live. On n’est plus vraiment une découverte et à la fois, c’est quand même le premier album donc je pense que les gens veulent écouter d’abord, voir quelle réponse il y a, et décider après.

Marine : D’ailleurs, il y aura une autre release party à Paris, le 28 mai au Nouveau Casino avec un copain en guest…

Paperboys : Et alors, il y a de l’appréhension pour cette sortie ?

Lucas : Oui forcément un peu.

Marine : Le fait qu’il y ait la tournée anglaise m’a beaucoup détendue. Je sais qu’en France, ça sera plus long. J’ai l’impression que ça réagira à l’automne. Donc s’il n’y a pas plus de dates que ça en France, je ne le prendrai pas mal. Dix jours en Angleterre, je trouve ça fabuleux. Vraiment. Du coup, ça va. Il y a un mois, je ne t’aurais pas dit ça mais là ça va. Je trouve l’album vraiment bien, on a fait ce qu’on voulait avec nos moyens.

Lucas : On a des projets dans lesquels se projeter. Après, c’est évident que l’album est important. On verra après l’été. Mais jusqu’à l’été, on est occupé.

Marine : Oui puis avec les Nuits de Fourvière, on a vraiment de jolies dates. On sera bien occupé d’ici là, on n’aura pas le temps de penser.