Kohndo – Intra Muros

Mieux vaut tard que jamais. Mais après tout, avec la vitesse à laquelle nous sommes confronté à la musique aujourd’hui, un album en chassant un autre en quelques jours, pourquoi ne pas parler des disques plusieurs mois après leur sortie ? Une fois qu’on a pu les digérer, les découvrir en profondeur et voir s’ils ont finalement résister à cette boulimie perpétuelle… Ce n’est sans doute pas Kohndo qui renierait ce genre de ligne de conduite… Et c’est donc de son dernier disque, Intra Muros, que l’on va causer aujourd’hui.

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Sorti en février, il n’en est depuis pas sorti de notre walkman. L’ancien de La Cliqua fait partie de ces légendes du supposé âge d’or du rap français qui sont encore productifs et pertinents. Pertinent car Kohndo est loin de s’enfermer dans un carcan boom-bap revenu depuis à la mode. La facilité aurait sûrement été de lâcher un disque à l’ancienne blindé de boucles de samples à moitié grillés et de rimes multisyllabiques aussi techniques que vides de sens. Ceux qui le suivent savent que ce n’est pas le délire du bonhomme. En témoigne son superbe album précédent, Soul Inside, qui comme son nom l’indique est imprégné de soul. Loin de n’être qu’un disque de rap, il transforme ses essais de morceaux crossover.

Garder son cap avec honnêteté dans le fond tout en évoluant à sa façon dans la forme, voilà la recette. Loin des rayons solaires de Soul Inside, Intra Muros est sombre et renfermé. Même si le message est in fine souvent positif (y’a qu’à voir le sourire qui semble perpétuellement fiché en travers de sa ganache), plusieurs morceaux sont emprunts d’une fatalité ou d’une forme de résignation qui laissent un goût amer. Mais c’est souvent pour finir sur une touche d’espoir ou une prise de recul qui relativiserait tout ça pour constater que, quand même, la vie est pas si moche si tu le veux vraiment. « Revenir à la vie » car finalement, « Demain le jour se lèvera ».

Cette vie, on la retrouve notamment dans les mélodies et la musicalité des productions. Derrière la moitié d’entre elles, Kohndo est finalement le chef d’orchestre du disque. Entourés de musiciens live et d’autres producteurs, il aura donné à ce disque une douce cohérence. A part sans doute Le Facteur, morceau quasi G-Funk laissant entrevoir de belles possibilités sur ce créneau, le disque explore un spectre restreint sans être pour autant ennuyeux ou redondant. Côté featurings, A2H fait plus que le taf avec peut-être notre refrain de l’année sur Le Facteur et Nekfeu est ultra-efficace sur le classique mais beau Faut Qu’Je Tienne. Quant à Oxmo, bon voilà, c’est le Oxmo récent donc on dira simplement qu’il n’y a pas grand chose à en dire.

Pour faire court, Intra Muros est un des très bons disques de musique rap de cette année deux-mille-seize. Un de ces disques sur lesquels vous reviendrez sans doute après de longs mois. Parce que c’est d’abord à cela qu’on voit un grand disque. Tu as aimé, tu es curieux ? Gros bonus pour toi, Kohndo débarque en live au Ninkasi le 16 novembre. Tu veux le super banco ? C’est gratos. Qu’oseras-tu demander de plus ?

Tu veux écouter le disque (et même l’acheter)? Va voir sur Bandcamp.

Tu veux en savoir plus? Va voir chez l’Abcdrduson.