Kouté Jazz

Après plusieurs compilations déjà classiques (Mobilisation Générale chez Born Bad et Freedom Jazz France chez Heavenly Sweetness), Julien Achard a.k.a. Digger’s Digest revient avec Kouté Jazz, une nouvelle collaboration avec le label Heavenly Sweetness (Dopegems, Florent Pelissier, Guts,…). On part cette fois-ci pour un long voyage puisque ces disques s’intéressent au jazz des Antilles. A travers douze morceaux et autant de pépites, on nous fait retourner dans les années 70 et 80 pour découvrir des territoires et paysages musicaux inconnus de nos esgourdes.

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Inconnus et que de prime abord, sans doute bêtement, on ne pensait pas aussi étendus. Car outre le kilomètres qui nous séparent de ces îles, vous couvrirez de sacrées distances en parcourant les quatre faces de la compilation. Si l’on sent tout de même une trame plus ou moins commune aux morceaux, notamment dans les percussions et tambours omniprésents, on y trouve de tout : du jazz biguine, des influences de soul et de funk, des morceaux où les cuivres peuvent rappeler l’afrobeat (avec cependant des mélodies qui les en distinguent totalement), du jazz plus free ou spirituel, de la samba…

En toute honnêteté et sans flagornerie aucune, il est difficile de sortir du lot des morceaux de la compilation sans manquer de passer à côté de superbes vibrations. On vous conseille vraiment de la faire en entier, cette heure de voyage, et on parie que vous y reviendrez avec plaisir, mais on va quand même teaser un peu. Tout commence avec Camille Hildevert, qui vous ouvre grand sa porte et plante le décor en chantant ses « Antilles chéries, Carribean darling » quand il ne nous régale pas de solo de sax.

Quatre pistes plus loin, vous retrouverez José Manclière (originaire de Marie-Galante), batteur et chanteur, sur Vini Coute E Tann’  un morceau qui donne une pêche monstre malgré son côté lo-fi. Le refrain chanté et la phrase de cuivre s’entremêlent parfaitement pour donner une rengaine qui vous restera dans la tête pour votre plus grand plaisir. Agrémenté d’un solo de piano qui a le diable au corps, c’est peut-être notre préféré de la compilation. Dans un style proche, le coté DIY en moins, le Ka nou pé fé des Vikings de la Guadeloupe est aussi sublime.

Le dernier petit coup de projecteur, on tenait à le mettre sur le titre Crépuscule Tropical de Max Cilla. Ce dernier joue de la flûte mais pas de n’importe laquelle : une flûte en bambou, jouée par les anciens dans les campagnes. Un véritable sacerdoce pour lui puisqu’il a œuvré toute toute sa vie à la réhabiliter et la remettre en lumière, notamment en en construisant lui même en suivant les règles ancestrales indiennes. Le morceau illustre bien sa virtuosité et sa modernité puisque le mélange avec les sonorités jazz opère à merveille.

Bref, on est tombé amoureux de cette compilation qui nous a convaincu de creuser un peu plus le sillon. En espérant que notre enthousiasme soit contagieux. Et on en place une dernière pour la peinture de Michel Buret sur la couverture, qui est somptueuse.